Interview

Loïc Nestor : « Pour un footballeur c’est la catastrophe »

Après huit mois de convalescente à cause d’une rupture du ligament croisé du genou, la deuxième de sa carrière, Loïc Nestor effectue son grand retour dans le groupe du GF38 pour sa dernière au Stade des Alpes en Ligue 2 BKT. « Tonton » s’était confié il y a quelques mois sur sa blessure et sa situation. Entretien.
Rédaction
Publié le 02/05/2025 à 10:59
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Loïc Nestor (GF38) à Lorient en août dernier.

« On ne va pas vous définir exactement ce qu’il va faire l’année prochaine, mais il va rentrer dans la grande famille des entraîneurs du club. », a confié jeudi Max Marty, le directeur général du G38, au sujet de Loïc Nestor qui nous avait déjà fait part de sa volonté d’entraîner en décembre dernier. 

Le défenseur de 35 ans va en effet raccrocher les crampons dans deux matchs après 18 saisons de carrière et 428 matchs de Ligue 2 BKT.

Alors lancé dans son marathon pour revenir sur les terrains avec Grenoble, Loïc Nestor nous avait raconté son expérience de « blessures » à l’occasion de la présentation du nouveau trophée de champion de Ligue 2 BKT. Retrouvez cet entretien avant le dernier match à domicile de la saison du GF38, ce vendredi contre Troyes. Avec Loïc Nestor de retour dans le groupe.

Loïc, il s’agit de votre deuxième rupture du ligament du genou en carrière. Comment s’était déroulé la première avec le Havre AC ?
Elle avait été plus désavantageuse pour moi, parce que j’avais 20 ans, que je jouais en Ligue 1 et que j’étais en Equipe de France Espoirs. Ça a forcément mis un frein à ma carrière. A cette époque quand je me suis fait les croisés, je n’ai pas trop réfléchi, je ne savais pas vraiment ce que c’était. J’ignorais qu’il s’agissait de la blessure la plus grave dans le foot. Je me disait - je vais me muscler, et que tout le temps que je vais perdre sur les terrains je vais le récupérer en salle. Ce qui va permettre d’être prêt pour la saison d’après et je vais revenir super vite. - C’est à peu près ce que c’est passé. A l’époque, on revenait un peu plus vite de cette blessure. Il y avait Mickaël Landreau qui les avait faits à Lille ; il était revenu environ quatre mois. Moi, on m’avait dit que ça serait déjà bien en 6 mois. Finalement, à cinq mois j’étais prêt à revenir. Le club avait voulu attendre un peu et quinze jours plus tard j’étais de retour. Et ça s’est bien passé. 

« Au début, il fallait m’apporter à manger »

Et pour cette deuxième blessure quinze plus tard ?
C’est un peu différent. Car maintenant, je sais comment se passe la rééducation. Je sais que c’est long et difficile. Et j’appréhendais les douleurs du début car les premières semaines sont galères, puis les nuits sont très compliquées. Mentalement, c’est éprouvant. Il y a un contre-coup à ce niveau. Quand je me suis blessé à Lorient (24 août 2024), j’ai tout de suite su ce qu’il y avait derrière…ça fait plus mal, car je me suis dit que ça allait être galère, et je n’ai plus 20 ans. Et entre les deux blessures, les délais ont augmenté. Quand ils étaient de 6 mois, ils sont désormais plutôt de 8 mois. Avec le temps, on s’est aperçu que plus on reprenait tôt, plus les risques augmentaient. Et qu’à partir de 8 mois, ceux-ci réduisent considérablement. Si pour moi ça s’était bien passé en reprenant rapidement, cela n’a pas été le cas pour tous les joueurs. 

Pouvez-vous nous raconter cette période compliquée ?
Pour un footballeur c’est la catastrophe. Au début, j’étais assisté, il fallait m’apporter à manger. On se déplace presque uniquement pour aller se coucher le soir… Au bout d’un mois, j’étais en béquilles. La rééducation a commencé avec des choses basiques, comme tendre la jambe, essayer de marcher. Mon quotidien est de faire comme si j’allais à l’entraînement. Sauf qu’à la différence de mettre les crampons et d’aller sur le terrain, je mets des baskets pour aller en salle de musculation pour faire du renforcement. Il faut faire du rééquilibrage, car c’est comme si je repartais avec la jambe d’une personne qui ne fait pas de sport. Il faut repartir de zéro avec les muscles du mollet et de la cuisse qui ont réduit…Ça prend parfois plus de temps qu’un entraînement, entre les soins, la rééducation, le travail de mobilité, mettre de la glace.

Comment supportez-vous mentalement cette longue absence ?
Si t’as pas la motivation au début, c’est très difficile. Car soulever 10 kilos a quelque chose de quasi insurmontable les premiers jours. Sans mental, c’est impossible. C’est important d’être entouré. Si côté football c’est une catastrophe, j’ai la chance que cela se passe très bien du côté familial et d’être très bien entouré. Footballistiquement, c’est très dur et c’est difficile de faire pire que d’être éloigné aussi longtemps, à part un arrêt de carrière. Ce que je ne voulais pas c’est de ne pas récupérer 100% des capacités à mon genou. Car après le foot, il y a une vie. J’aimerais bien pouvoir taper dans le ballon avec mon fils plus tard. Il arrive que des personnes se fassent les ligaments croisés sans plus jamais pouvoir refaire du sport…

Pensez-vous davantage à l’après carrière dans cette situation ?
Ma blessure a accéléré ma réflexion qui était déjà bien avancée. Car malheureusement, cette blessure intervenue à mes 35 ans réduit mon temps de carrière. J’avais déjà en tête de passer le diplôme d’entraineur avant ma blessure.