Quand il ne foule pas les parquets, Nando De Colo guette les résultats du RC Lens. Le basketteur international français, désormais à l’ASVEL, dispute actuellement le tournoi olympique avec les Bleus, qui affrontent le Canada en quarts de finale mardi. Le Nordiste revient sur sa passion pour les Sang et Or, Tony Vairelles et la technique de Walid Mesloub. Celui qui a vécu la saison du titre de champion de France 1997/1998 depuis les tribunes de Bollaert a même un temps joué au football en club en parallèle du basket. Passé par la NBA (San Antonio Spurs et Toronto Raptors), Nando De Colo a brillé sous les couleurs du CSKA Moscou avec deux victoires en Euroligue, l'équivalent de Champions League, puis chez les Turcs de Fenerbahçe avant de revenir en France. Entretien avec le meneur-arrière de 37 ans, vainqueur de l'Euro 2013 avec les Bleus, initialement publié en 2019.
Nando, comment êtes-vous devenu supporter du RC Lens ?
Pour moi, qui suis du Pas-de-Calais, ce club représente toute mon enfance. A 10-11 ans, je pratiquais à la fois le foot et le basket à l’ASPTT Arras. J’ai alors rejoint la section basket du RC Lens, c’est là que j’ai commencé à suivre le RCL de très près. Lors de la saison 1997/1998, celle du titre, j’ai même eu la chance d’aller voir avec mon père presque tous les matchs à Bollaert. Je n’en ai manqué qu’un !
Vous avez donc joué au football en club ?
J’ai commencé par le basket. J’ai aussi fait un peu de ju-jitsu. Et comme tout le monde, je jouais beaucoup au foot à l’école. Mais il y a un âge où j’avais tellement besoin de me dépenser que mes parents m’ont inscrit au foot en plus du basket. Ça a duré deux ans. La plupart du temps, ça se goupillait bien, notamment parce que les deux clubs étaient basés au même endroit. Le mercredi, j’enchaînais un entraînement après l’autre.
Vous évoluiez à quel poste ?
Pour mon tout premier match, je me suis retrouvé dans les buts (rires) ! On m’avait mis dans la catégorie d’âge au-dessus de la mienne et il leur manquait un gardien. Il pleuvait, il y avait de la boue et ça ne me dérangeait pas de plonger. Mais ça a été ma seule fois à ce poste-là ! Le reste du temps, je jouais milieu offensif ou attaquant. J’aimais beaucoup les couloirs car j’étais rapide et plus grand que les autres.
Avez-vous un temps hésité entre le foot et le basket ?
Pas vraiment. J’adorais les deux sports et je me débrouillais bien dans les deux mais, à un moment, il a fallu choisir. C’était devenu compliqué de tout faire et le basket a pris l’ascendant. Déjà, c’était le sport numéro 1 dans la famille. Mes parents et mes sœurs pratiquaient. J’avais beaucoup d’amis au basket et j’étais surtout à un âge où l’on commence à intégrer les structures nationales, avec un ou deux entraînements par jour. Il a fallu trancher mais mes parents étaient très ouverts d’esprit, ils ne m’ont pas obligé à choisir le basket.
Comment faites-vous pour suivre l’actualité du RC Lens depuis l’étranger ?
J’ai du mal à regarder les rencontres car le rythme est assez intense pendant la saison de basket entre les entraînements et les deux ou trois matchs par semaine. Mais je suis les résultats de mon club fétiche sur Internet. Je suis abonné aux chaînes YouTube de la Ligue 1 et de la Ligue 2 et, parfois, je me fais des sessions de rattrapage et je regarde plusieurs résumés vidéo d’un coup.
Avez-vous encore l’occasion de vous rendre au Stade Bollaert-Delelis ?
Pendant ma saison, c’est très compliqué, d’autant plus que notre calendrier est très différent de celui des clubs de foot. Quand ils terminent, on n’a pas encore fini, et quand ils reprennent, je suis avec l’équipe de France. En dehors de la saison 1997/1998, où j’avais été très assidu, j’ai eu l’occasion de donner le coup d’envoi d’un match fin septembre. C’était à l’occasion de la réception du FC Sochaux-Montbéliard et j’étais dans le coin car les phases finales de l’Eurobasket se disputaient à Lille. C’est vraiment un souvenir génial, d’autant plus que le RCL avait décroché sa première victoire à domicile de la saison. Ma dernière à Bollaert remonte au mois d’août dernier. C’était mon premier été sans match avec les Bleus en 10 ans alors j’en ai profité. On recevait le Red Star et le RC Lens l’avait également emporté.
Depuis plus de quatre ans, vous évoluez au CSKA Moscou, un club omnisports. Avez-vous déjà échangé avec Aleksandr Golovin, aujourd’hui à l’AS Monaco mais au CSKA jusqu’à l’été dernier ?
Malheureusement non. On joue pour le même club et notre salle est juste à côté de leur stade mais on fonctionne de manière séparée. Il n’y a pas de relations entre les différentes sections, c’est dommage. Depuis que je suis arrivé à Moscou, je n’ai pas vu le moindre match de foot d’ailleurs. Début octobre, j’ai failli aller au Loujniki pour voir CSKA-Real Madrid en UEFA Champions League mais l’équipe de basket avait un dîner prévu ce soir-là. La plupart du temps, les rencontres de la section foot ont lieu en même temps que nos entraînements. Et une fois que l’hiver arrive (rires)… Ce n’est pas comme en France ou en Espagne, c’est compliqué de rester assis en tribune quand il fait -20 degrés !
Entre 2009 et 2012, vous avez porté les couleurs de Valence, une autre ville célèbre pour son club de foot…
En Espagne, il y avait davantage d’échanges entre basketteurs et footballeurs même si c’était rare que l’on se croise, notamment car le centre d’entraînement du FC Valence se trouvait en dehors de la ville. A l’époque, il y avait Adil Rami au club. J’ai assisté à pas mal de rencontres à Mestalla. J’ai ainsi vu le FC Valence jouer contre le FC Barcelone, le Real Madrid, Manchester United mais aussi le LOSC. D’ailleurs, en parlant du Barça, j’ai eu l’occasion de rencontrer Andrés Iniesta après un match l’année dernière. Grâce aux éditeurs de son livre, qui savaient que j’étais un grand fan, j’ai même pu récupérer un maillot dédicacé.
C’est votre joueur préféré ?
Je me suis mis à l’apprécier au fil des années. C’est un joueur très discret mais qui peut faire la différence à lui tout seul, sans vraiment se faire remarquer. Mais gamin, le joueur que j’adorais, c’était Tony Vairelles. A son époque, ma famille m’avait offert un ensemble du RC Lens et Tony Vairelles… C’était la star et j’aimais beaucoup son style sur le terrain, sa polyvalence. Il était capable de faire plein de choses différentes. Ensuite, j’ai bien aimé Mehdi Tahrat, un grand défenseur à la fois habile avec ses pieds et fort dans les airs et puis surtout Walid Mesloub que j’aimais beaucoup pour son côté technique.
Quel est votre meilleur souvenir lié au foot ?
Même si c’est très récent, je dirais qu’il s’agit de la dernière Coupe du monde. Ma femme est espagnole et les grandes compétitions sont toujours l’occasion d’une petite guéguerre entre nous. J’ai pu charrier la belle-famille donc c’était plutôt marrant. Plus sérieusement, ça m’a fait plaisir que notre petite fille ait pu voir la France championne du monde, comme moi en 1998. Ces moments où tous les gens sont à fond derrière une même équipe, ça reste gravé. Sinon, il y a bien évidemment le titre de champion de France du RC Lens en 1998, une belle année pour moi !
Vous discutez beaucoup de foot avec les autres basketteurs ?
En équipe de France, tous les joueurs sont vraiment fans de foot. Ça devient rare désormais de trouver des sportifs qui ne suivent pas ce sport. Au CSKA aussi, beaucoup de mes coéquipiers s’y intéressent. Le foot a une place importante en Russie. Les Américains de l’équipe jouent en Europe depuis un moment donc ils s’y connaissent pas mal, eux aussi. Et la saison dernière, il y avait un autre Français avec moi au CSKA, Leo Westermann (ce meneur compte 28 sélections chez les Bleus). Lui supporte le RC Strasbourg Alsace, l’autre Racing Club, donc on se charriait beaucoup à ce sujet. J’espère que le RC Lens va vite remonter en Ligue 1, que l’on puisse voir qui est le meilleur Racing Club !
(Photo : RC Lens)