Interview

Gabriel Gudmundsson : « À 20 ans, j’étais encore attaquant »

Gabriel Gudmundsson : « À 20 ans, j’étais encore attaquant »

Interview
Publié le 31/01 à 09:23

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Devenu international suédois depuis son arrivée au LOSC, Gabriel Gudmundsson dispute sa 3e saison en France. Parcours, polyvalence, modèles… Entretien.

Tu as fait tes débuts professionnels en Suède, dans le club de Halmstads BK, où a joué un certain Niklas Gudmundsson…
Oui, et je suis né à Malmö car mon père y jouait ! J’ai ensuite grandi à Halmstad, dans l’Ouest du pays, et j’ai rejoint le club à l’âge de 12 ans. J’ai ensuite gravi les échelons jusqu’à passer professionnel. Même si mon père avait joué là-bas, je n’ai pas particulièrement ressenti de pression. Halmstads est un petit club, dans une petite ville. Ils ont réussi de belles choses dans le passé mais il n’y a pas vraiment de pression car l’ambiance y est très familiale. Je connaissais tous les joueurs car on est tous allés à l’école ensemble. Bien sûr, quand je suis arrivé en équipe première, les journalistes m’ont posé des questions sur mon père et si ça pouvait engendrer une certaine pression mais je n’ai jamais vu les choses ainsi. Je débutais ma carrière et je voulais tracer ma propre voie, pas juste marcher dans les pas de mon père parce qu’il avait réussi une belle carrière au club. Ça s’est bien passé et j’ai beaucoup appris là-bas même s’il y a eu des hauts et des bas, avec notamment une montée en D1 puis un retour en D2. J’ai ensuite eu la chance de signer aux Pays-Bas, où c’est là que ça a vraiment décollé.

Tu t’es donc retrouvé en Eredivisie, au FC Groningen, lors de l’été 2019, avant de rejoindre le LOSC deux ans plus tard. Comment s’est passée la transition ?
Ça s’est révélé plus difficile que ce à quoi je m’attendais. La Ligue 1 Uber Eats est un championnat très physique, peu importe que vous affrontiez le PSG ou Lorient. Il y a des joueurs physiques, costauds, et c’est ce qui m’a le plus frappé au début. Il faut être prêt parce que dès que tu reçois la balle, tu as un adversaire sur toi, qui va batailler pour la balle. Ça prend donc un moment de s’adapter. Mais je suis arrivé dans un bon groupe, avec de bons joueurs, et on jouait la Ligue des champions. Il y avait donc beaucoup de matchs, ce qui était une bonne chose pour moi, comme j’avais besoin de prendre le rythme. Il y avait un autre challenge pour moi puisque, comme je suis capable de jouer latéral gauche et ailier gauche, j’ai beaucoup alterné entre les deux postes. Je pense que j’ai beaucoup appris et je ne regrette pas du tout d’avoir signé à Lille parce que j’estime avoir progressé, sur et en dehors des terrains. C’est une étape parfaite pour ma carrière.

« Impossible pour moi de montrer ce que je valais »

Paulo Fonseca a un style de jeu particulier puisqu’il aime que son équipe ait la possession et contrôle le rythme des matchs. Et cette saison, le LOSC est bien plus solide défensivement que la saison…
Personnellement, mes six premiers mois avec le coach ont été compliqués. J’avais un souci aux adducteurs et j’ai dû me faire opérer. C’était donc impossible pour moi de montrer ce que je valais. Après ça, j’ai pu être utile à l’équipe et j’ai enchaîné les matchs. La différence entre cette saison et la précédente, c’est que l’on a totalement intégré la façon dont Paulo veut que l’on joue. Maintenant, on voit que les adversaires nous craignent davantage et c’est pour ça que beaucoup d’équipes jouent très bas face à nous, parfois à cinq derrière, avec une défense très resserrée. La saison dernière, on jouait peut-être de façon plus ouverte. On a évolué sur ce point, pour avoir un style de jeu qui correspond mieux à nos qualités, trouver les bonnes positions, et jouer de façon un peu différente. On n’a pas changé tant de choses que ça mais il y a des détails qu’il fallait changer vu la façon dont les adversaires se comportaient contre nous.

Depuis ton arrivée au LOSC, tu es devenu international suédois. Tu peux nous en parler ?
C’est toujours un honneur d’être appelé en équipe nationale. Au moment où j’ai signé à Lille, j’espérais connaître cette première convocation et c’est finalement arrivé en juin 2022 ! Jouer pour ton pays, c’est ce qui peut t’arriver de mieux, donc je suis très heureux, d’autant plus que j’ai été appelé plusieurs fois derrière ça. Et maintenant, j’ai hâte de retourner en sélection. Comme je l’ai déjà dit, j’ai beaucoup progressé, particulièrement depuis que Paulo Fonseca est là. Tout ce que j’ai fait ici m’a permis d’être en équipe de Suède. Tu joues en équipe nationale parce que tu es l’un des meilleurs joueurs du pays donc ça veut dire que j’ai fait du bon boulot avec Lille, que j’ai réussi à atteindre un niveau supérieur. Maintenant, c’est un honneur d’être en équipe nationale mais je ne veux pas m’arrêter là.

Avec le LOSC, tu joues aussi bien latéral gauche qu’ailier gauche, des postes auxquels tu es en concurrence avec des joueurs comme Ismaily ou Ivan Cavaleiro. Dans quelle mesure ta polyvalence est un atout pour te faire une place dans le 11 de départ ?
J’ai cette polyvalence depuis tout jeune. J’ai joué attaquant, ailier gauche et ailier droit jusqu’à mon départ de Halmstads, à 20 ans. Quand je suis arrivé à Groningen, j’étais encore attaquant. Mais il y a eu la pandémie de covid et le championnat s’est arrêté. Quand on a repris, la saison suivante, on a changé de système, passant de quatre à cinq joueurs derrière, et je me suis retrouvé piston gauche et latéral gauche. Je me débrouillais bien dans les deux positions et ça a été un vrai déclencheur pour ma carrière, avec ma signature à Lille derrière. Je suis très heureux d’avoir reculé au poste de latéral gauche et de continuer à jouer plus haut sur l’aile. Ce que j’arrive à faire aujourd’hui comme latéral est très différent des performances que je pouvais faire au début.

Ça n’a pas été trop difficile de t’adapter à un nouveau poste ?
Il m’a fallu un peu de temps pour voir les différences qu’il pouvait y avoir, pour apprendre tout simplement. A vrai dire, je pense que ma première année à Lille était davantage une année d’apprentissage qu’une année pour jouer. Même si ça ne fait pas si longtemps que je joue latéral gauche, je suis de plus en plus à l’aise, à force de jouer à ce poste. J’ai acquis les automatismes du poste grâce aux matchs et aux entraînements. Quand on me regarde jouer aujourd’hui, on voit que je peux jouer à différents postes et je pense que le coach sait quand m’utiliser selon la tactique qu’il veut mettre en place. Il sait qu’il peut me faire confiance comme ailier gauche, dans un style différent de celui d’Ivan Cavaleiro par exemple. C’est également vrai au poste de latéral gauche. Le coach sait ce que je sais faire à ce poste, où la concurrence est grande avec Ismaily, qui est un très bon joueur et qui me fait devenir un meilleur joueur parce qu’il faut que je sois au top à chaque entraînement, chaque match, chaque semaine, pour être meilleur que lui. J’espère que Paulo pense que c’est une bonne chose d’avoir un joueur comme moi, capable de jouer à différents postes et dans différents systèmes tactiques. Mais au final, je suis latéral gauche et j’ai envie de jouer latéral gauche.

« J’ai eu la chance de jouer contre Lionel Messi ! »

Le LOSC fait partie des meilleures équipes du championnat de France et dispute régulièrement la coupe d’Europe. Comment expliques-tu les bons résultats du club ?
Lille est un club qui réussit à aller chercher des joueurs et à les développer. Tout le monde sait que Lille y arrive très bien. Je le savais quand j’étais à Groningen et c’est une des raisons qui a fait que j’ai voulu signer ici. C’est un très bon club, qui a pour but de développer les jeunes joueurs et de les propulser encore plus haut quand c’est possible. Les joueurs le savent et il y a des joueurs qui sont dans des grosses équipes actuellement qui sont passés par Lille comme Victor Osimhen, Gabriel Magalhães ou Eden Hazard il y a un peu plus longtemps. Les joueurs sont au courant, c’est pour ça qu’ils veulent venir à Lille et progresser.

Que connaissais-tu de la Ligue 1 Uber Eats avant ton arrivée ?
Pas grand-chose, pour être honnête, parce que le championnat de France n’est pas le plus suivi en Suède. Mais c’est davantage devenu le cas lorsque Zlatan Ibrahimović est venu au PSG. Il y avait davantage d’articles sur le championnat, d’infos à la TV… En Suède, les fans de foot regardent la Premier League mais, même si les gens ne regardent pas forcément la Ligue 1 Uber Eats, nous, les joueurs, on sait que c’est un des cinq grands championnats européens, qu’il y a le PSG et ses stars.

As-tu des modèles à ton poste ?
C’est une question compliquée… Déjà, il faut savoir que j’aime regarder toutes les équipes, tous les joueurs… Il n’y a pas vraiment de joueurs que je suis spécifiquement. Enfin, si, il y en a un, Lionel Messi, donc aucun rapport avec mon poste actuel ! C’est parce que jusqu’à 20-21 ans, je jouais devant, donc c’était vraiment mon idole. Et j’ai eu la chance de jouer contre lui ! Mais en ce moment, quand je regarde des matchs à la TV, il y a beaucoup de bonnes équipes, et c’est agréable de voir que certaines des meilleures équipes pratiquent le même style de jeu que nous, avec la volonté d’avoir la balle et de dominer l’adversaire. Mais je suis aussi à l’aise lorsqu’il y a davantage d’espaces et un style plus direct parce que je suis très explosif et j’aime prendre les espaces. C’est difficile de ressortir un seul joueur mais j’aime bien Kyle Walker, le Gareth Bale de Tottenham, Alphonso Davies… Des joueurs explosifs, rapides, qui prennent la profondeur. Je regarde aussi un joueur comme Trent Alexander-Arnold, comment il utilise les espaces et sa qualité technique, car c’est quelque chose que j’ai envie de développer.

« Avant de signer à Lille, j’ai discuté avec Kim Källstrom »

Qu’est-ce que tu aimes faire pendant ton temps libre ?
J’adore le sport et j’adore regarder le sport à la TV. Peu importe ce que c’est : hockey, football américain, golf, Formule 1… J’aime tout ! Donc la plupart du temps, je regarde du sport ou je joue au golf, quand j’en ai la possibilité. Pendant la saison, on s’entraîne tous les jours donc ce n’est pas trop possible. J’aime aussi passer du temps avec ma petite amie. Quand j’ai des jours libres, on sort, on se balade dans la nature, on randonne pour explorer les environs… L’été, pendant les vacances, j’aime être avec ma famille et mes amis. Et jouer au golf ou au tennis !

Et qu’est-ce que tu aimes faire dans la ville de Lille ?
Je n’habite pas dans Lille mais c’est une ville très pratique pour rallier d’autres endroits : Londres, Bruxelles, Paris… J’aime découvrir de nouveaux endroits avec ma petite amie. A Lille ou ailleurs, je suis un food lover. J’aime les différents types de cuisine donc aller au restaurant fait partie des choses que j’adore.

Pour terminer, connais-tu Kennet Anderson ? Il est connu pour avoir brillé lors du Mondial 1994 avec la Suède mais il a aussi joué avec ton père en équipe nationale et a porté les couleurs du LOSC en 1993/1994…
Je sais qui c’est, bien sûr, mais il n’a pas joué de rôle dans ma venue à Lille. Avant de signer ici, j’ai eu l’opportunité de discuter avec Kim Källstrom, qui a joué à Lyon, mais j’étais déjà certain de vouloir venir en France.