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OL : Jorge Maciel, l’adjoint aux multiples voyages

Entraîneur adjoint en Libye, aux Émirats arabes unis, en Iran, au Portugal ou encore à Lille, Jorge Maciel a posé ses valises chargées d’histoires à Lyon en juin 2024. Portrait d’un adjoint passé en première ligne.
Publié le 10/03/2025 à 09:00
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Jorge Maciel (OL).

Un globe-trotter parlant couramment le français, l'espagnol et l'anglais, mais aussi quelques mots d'arabe. Après avoir endossé pour la première fois de sa carrière le costume d’entraîneur principal au Valenciennes FC lors de la saison écoulée, Jorge Maciel dirige désormais l'OL en conséquence de la suspension de Paulo Fonseca. Il avait déjà assuré l'intérim le 30 janvier en Ligue Europa (1-1 vs Ludogorets), après l'éviction de Pierre Sage, au sein d'un club qu'il a rejoint en juin dernier sans savoir qu'il allait retrouver le coach portugais, connu au LOSC. En signant à l'OL, il avait décidé de retrouver un rôle qu’il connaît par cœur : celui d’entraîneur adjoint. Riche de multiples expériences à travers le monde, de Tripoli à Lisbonne, en passant par Nantes et Lille, le Portugais de 39 ans apporte tout son savoir au staff rhodanien. « La plus grande richesse de ma carrière, c’est la diversité des contextes, des cultures et des entraîneurs avec lesquels j’ai pu travailler », confie le natif de Barcelos, au Nord du Portugal, qui n’a jamais hésité à franchir les frontières pour dessiner son parcours. 
 

Maciel peut officier comme n°1

Il est titulaire de la licence Pro UEFA qui lui permet de diriger une équipe professionnelle en France.

Tout a démarré à l’âge de 17 ans pour celui qui avoue n’avoir jamais joué à un niveau intéressant mais dont le football a toujours été la passion. Résigné quant à l'idée d’atteindre un bon niveau ballon au pied, ou plutôt gants aux mains au poste de gardien, il décide de rejoindre l’université de Porto, avec l’idée de rester dans le sport et de devenir professeur d’éducation physique. Mais le football demeure dans un coin de sa tête et il ne rate pas l’occasion de renouer avec son amour de toujours dès sa deuxième année d’études. « J’ai dû choisir une spécialité et je me suis orienté vers le sport de haut niveau et plus précisément vers le football. J'ai alors rencontré Vítor Frade, professeur et membre de l'académie du FC Porto », explique Jorge Maciel, avant d’ajouter : « C’est à partir de là que j’ai commencé à vraiment vouloir devenir quelqu’un dans le domaine du coaching ». 

Un départ en Libye à 25 ans

Dès lors, en parallèle de son apprentissage des méthodologies d’entraînement, il commence à coacher les jeunes de sa ville, puis franchit les étapes petit à petit au point d’intégrer le FC Porto via son projet Dragon Force (l’école de foot du club avec des enfants de 4 à 14 ans) et grâce à l'aide de son professeur, Vítor Frade. Son objectif de rejoindre un club professionnel se rapproche alors de sa ligne de mire mais il se montre patient. Une première opportunité au sein d'un club professionnel portugais se présente à lui au cours de l’été 2010 mais elle ne se concrétise pas. Pas de quoi le décourager. « J’ai parlé avec mes parents et je leur ai dit que je préférais attendre un autre projet au lieu de repartir entraîner les jeunes », confie-t-il. Mais l'attente fut de courte durée. « J’ai attendu jusqu’en novembre et je suis parti, à 25 ans, pour une aventure particulière en Libye, se remémore le nouvel adjoint de Pierre Sage. C’était très émouvant pour moi car c’était la première fois que je quittais mon pays pour travailler. »

Il effectue alors trois mois en Libye, au club d’Al-Ittihad Tripoli, aux côtés du Brésilien Baltemar Brito, un ancien adjoint de José Mourinho à Porto, Chelsea et à l’Inter, avant d’être contraint de quitter le pays en raison du soulèvement contre Mouammar Kadhafi lors du Printemps arabe. Pas échaudé par cette première aventure loin de son pays, il prend ensuite la direction des Émirats arabes unis, avec Brito, puis de l’Iran, avec José Alberto Costa, avant de faire son retour à Tripoli, pour une nouvelle aventure de quelques mois. Mais après ces quatre années riches en enseignements et marquantes humainement, il estime qu’il est temps de rentrer dans son pays. « En Iran, aux Émirats et en Libye, c’était la découverte du monde du foot, je devais rentrer au Portugal pour me positionner sur la suite que je voulais donner à ma carrière », précise-t-il.

Le FC Nantes en guise de découverte de la France

De retour sur ses terres, « après avoir appris à penser différemment et réalisé que le monde est bien plus vaste que sa maison », Jorge Maciel pose ses valises à Belenenses, aux côtés de Lito Vidigal, pour une expérience réussie. Il contribue d’abord au maintien in extremis du petit club d’Arouca, puis à une qualification européenne, avant de lui faire également découvrir la Ligue Europa. Mais après un peu plus de deux saisons, l’union avec Lito Vidigal s’arrête en raison du choix de ce dernier de rejoindre le Maccabi Tel-Aviv. Décidé à poursuivre sa carrière dans un grand championnat européen, Jorge Maciel va être sollicité par un autre de ses compatriotes : Miguel Cardoso. Les deux hommes débutent leur collaboration sur le banc du Rio Ave en 2017 avant de rejoindre le FC Nantes la saison suivante. 

L’adjoint vit sur les rives de l’Erdre une expérience courte (quatre mois) mais qui lui permet de s’adapter à la France et qui sera fondatrice pour la suite de son parcours. « Elle ne s’est pas bien passée d’un point de vue sportif mais elle m’a permis d’avoir une meilleure connaissance du football français à mon arrivée au LOSC », avoue-t-il. Avant cette étape dans le Nord de la France, il emmagasine encore de l’expérience, cette fois du côté de l’Espagne, au Celta de Vigo, une nouvelle fois avec Miguel Cardoso, un coach avec lequel il a beaucoup appris, et à Benfica, son club de cœur, comme entraîneur principal des moins de 23 ans et de l'équipe de Youth League. Il y dirige notamment Gonçalo Ramos avant de faire son retour en France fin 2019, avec, grâce à toutes ses aventures, une faculté d’adaptation hors pair : « Mon histoire me permet aujourd'hui de m’intégrer facilement auprès des joueurs aux cultures différentes pour ensuite les aider à se fondre dans un collectif. »

La consécration au LOSC

En novembre 2019, il débarque donc au LOSC pour une « opportunité exceptionnelle ». « Il y avait des changements dans le staff de Christophe Galtier car ses adjoints partaient à Tottenham travailler avec José Mourinho. Luis Campos, avec lequel j’étais en contact via un ami, m’a appelé pour me présenter le projet et savoir si ça m’intéressait. J’ai répondu oui sans imaginer une suite et, trois jours plus tard, il m’a rappelé et m’a dit : "C’est maintenant !" » Jorge Maciel débute alors sa plus longue expérience au sein d’un même club, alors que sa famille souhaitait initialement le voir rester à Lisbonne. Dans le Nord, en quatre saisons, l’adjoint remporte notamment un titre de champion avec Christophe Galtier et côtoie ensuite deux autres entraîneurs : Jocelyn Gourvennec et Paulo Fonseca. Ces trois personnalités très différentes ont toutes été une source d’inspiration pour celui qui parle aussi bien français, anglais et portugais car « ils partagent les mêmes valeurs : la culture du travail, le respect et l’ambition. »

C’est maintenant l’Olympique Lyonnais qui profite de toute l’expérience de l’homme qui a déjà côtoyé huit entraîneurs depuis le début de sa carrière. Même si son passage au Valenciennes FC en tant que numéro un n’a pas été une franche réussite, son passé et sa connaissance du poste d’entraîneur adjoint parlent pour lui. « L'entraîneur principal doit penser à beaucoup de choses. Mon rôle est de créer et de gérer la préparation des matchs et des séances d'entraînement, organiser les semaines de travail afin d'être performants », a-t-il expliqué sur le site de l’OL. Redevenir un jour entraîneur principal n'entre pas dans ses objectifs de carrière, mais il s'apprête désormais à assurer la fonction de « numéro un bis » de longues semaines. Paulo Fonseca a en effet été suspendu jusqu'au 30 novembre. Jorge Maciel sera aidé par Paulo Ferreira, lui aussi adjoint de l'entraîneur portugais. « C'est un peu comme un intérim (...) mais c'est toujours un travail d'équipe avec un encadrement complet. On sera là pour donner de l'énergie aux joueurs. Peu importe qui est là ». Et cet intérim démarre plutôt bien avec la victoire obtenue face à l'OGC Nice dimanche dernier. 

Crédit : OL