Barthez, le prêt de la patience
S’il s’est mis d’accord pour un retour à Marseille à la mi-octobre de la saison 2003/2004, Fabien Barthez a patienté jusqu’à janvier pour retrouver le Vélodrome, ce prêt ayant été contracté en dehors des périodes légales de mutations. Le malheur des uns faisant le bonheur des autres, c’est la blessure de Cédric Carrasso dix jours plus tôt qui a déclenché les négociations autour du retour de Barthez à l’OM. A 32 ans, l'international français était relégué au poste de numéro 3 des gardiens de Manchester United. Pas terrible avec l'Euro en fin de saison... « Tout le monde y a trouvé son intérêt. L'OM, car pouvoir compter sur deux gardiens de très haut niveau est nécessaire quand on est ambitieux. Fabien, car il va pouvoir préparer l'Euro dans un club. Et Manchester, parce qu'il ne jouait plus », déclarait le président olympien de l’époque Christophe Bouchet sur le site Internet du club, en octobre 2003.
Mais la FIFA n’a jamais accordé de dérogation pour ce prêt conclu jusqu’à la fin de la saison entre MU et l’OM. Et ce bien que le club phocéen s’estimait en droit de le faire à la suite de la blessure de Carrasso. Comme l’expliquait la décision de la Commission Juridique de la LFP à l’époque, « s’agissant d’une mutation internationale, la Commission n’est pas en mesure d’homologuer le contrat, étant donné qu’il manque la dérogation de la FIFA. […] Marseille est autorisé à recruter un gardien, compte tenu de la blessure et de la longue absence des terrains de Cédric Carrasso, constatée par le médecin fédéral, en vertu de l'article 129 des Règlements. […] Mais en ce qui concerne l'homologation du contrat de Barthez, la Commission n'a pu que s'en tenir aux règlements internationaux. »
Face à cela, tout en prenant à sa charge une partie du salaire de Barthez, l’OM s’était assuré avec les Mancuniens qu’aucun autre club ne pourrait tenter de les doubler sur ce dossier. Privé donc de terrains pendant deux mois et demi, Fabien Barthez a finalement retrouvé les cages olympiennes à l’ouverture du marché hivernal le 1er janvier 2004 et a vu son contrat homologué dès le lendemain, pour ne manquer qu’une seule des journées retour en championnat et surtout participer à l’épopée européenne de l’OM jusqu’à la finale de la Coupe UEFA. Un prêt jugé comme « le coup de l’année » par la presse à l’époque. Il aura été celui de la patience pour « Fabulous Fab ».
Les gardiens des Bleus ayant connu un prêt en carrière :
Internationaux français, Brice Samba, Alphonse Aréola, Benjamin Lecomte et Benoît Costil ou encore Lucas Chevalier (Espoirs), tous en Ligue 2 BKT, Stéphane Ruffier (National), et même Fabien Barthez ont fait l’objet d’un prêt au cours de la carrière.
" Je me suis battu avec Grégory Coupet à la mi-temps d'OL-Arsenal. C’est pour ça que je suis parti en prêt "
Dhorasoo, le prêt diplomatique
Lors de la saison 2001/2002, Vikash Dhorasoo a connu le seul et unique prêt de ses 15 années de carrière professionnelle. Étonnant pour un joueur de 28 ans titulaire au sein d'un OL vice-champion la saison précédente et disputant même 10 matchs de Ligue des champions…
Un prêt qui pourrait être qualifié de diplomatique. Car à l’époque, il aurait été souhaité par le coach lyonnais Jacques Santini dans la volonté de maintenir la bonne ambiance au sein du vestiaire quand des tensions apparaissaient entre plusieurs joueurs. Ce qu’a confirmé le meneur français, expliquant son exil aux Girondins de Bordeaux. « J’ai souffert, et j’ai voulu partir. Je me suis battu avec Grégory Coupet à la mi-temps de Lyon-Arsenal. C’était compliqué. C’est pour ça que je suis parti en prêt à Bordeaux. » Un prêt opportun qui, s’il a permis à Dhorasoo de remporter une 2e Coupe de la Ligue de suite, l’a privé du titre de champion de France, le premier de l’Olympique Lyonnais. « J’étais jaloux. Je ne voulais pas qu’ils gagnent, je crois, mais après je reviens au club… », avouait le joueur.
A l’issue de ce prêt réussi à Bordeaux, Dhorasoo revient donc chez les Gones. « Je n’avais pas d'autre choix que de revenir, parce que personne ne me voulait. Bordeaux ne me rachète pas. Je reviens à Lyon avec mon contrat, il me reste deux ans. Et Paul Le Guen me fait comprendre qu’il compte sur moi. Et je me dis que je peux être champion aussi maintenant ». Vikash Dhorasoo a donc honoré son contrat avec les Lyonnais pour effectivement décrocher deux titres de champions.
Mothiba, le prêté redevenu courtisé
Interdit de recrutement lors du mercato d’hiver 2018, le LOSC avait fait preuve d’inspiration en optant avec succès pour le rapatriement de Lebo Mothiba. L’hiver 2017/2018 a en effet été marqué par un feuilleton improbable dans le Nord. Et bien que la situation soit peu fréquente, elle s’est avérée salvatrice pour le club lillois. Le 12 mai 2018, Lebo Mothiba sortait le LOSC d’une situation inconfortable en lui offrant le maintien grâce à un doublé contre Dijon (2-1). Une issue peu probable puisqu’en début de saison, l’attaquant s’était engagé sous la forme d’un prêt d’une saison avec Valenciennes, alors en Ligue 2 BKT. Mais entre temps, les Dogues se sont retrouvés à lutter pour le maintien. Le départ de Marcelo Bielsa, remplacé par Christophe Gatlier, a conduit le club à revoir sa stratégie et à malgré tout partir en quête d’un attaquant. Une mission rendue compliquée par l’interdiction de recrutement infligée par la DNCG pour le mercato d’hiver, réduisant sensiblement la marge de manœuvre des Lillois…
Dans l’incapacité de faire venir de nouveaux joueurs, le club lillois a entrepris de faire revenir Mothiba. Ce dernier – parti dans l’anonymat quelques mois plus tôt pour un second prêt chez le voisin valenciennois – accomplissait une belle première partie de saison à l’échelon inférieur (8 buts). De quoi en faire une cible porteuse d’espoirs pour la direction lilloise. Le Sud-Africain est séduit par la proposition de son club : « Le contrat que l’on m’a proposé et l’insistance des dirigeants ont clairement montré l’envie du LOSC de me faire jouer. » Lebo Mothiba a contribué à convaincre le VAFC de le laisser retourner dans son club pour « saisir cette belle opportunité de jouer en Ligue 1 ». Au final, les deux clubs sont parvenus à trouver un accord pour que Lebo Mothiba fasse prématurément le chemin inverse et vienne compléter l’attaque de Christophe Galtier sur la 2e partie de saison, ce qui a permis au LOSC de compter sur le renfort de celui qui a enfilé cinq mois plus tard l’habit de sauveur.
Gourcuff, le prêt absolu
C'est sans doute le prêt le plus accompli de tous. Lors de la saison 2008/2009, Bordeaux obtient le prêt avec option d’achat de Yoann Gourcuff (22 ans), parti deux ans plus tôt à l’AC Milan où il n’a pas rencontré le succès espéré. En manque de temps de jeu, le meneur breton retrouve donc la Ligue 1 chez les Girondins, alors que le PSG avait tenté à plusieurs reprises de le faire venir dans la capitale. Si le Français n’a pas trouvé sa place aux côtés des Seedorf, Pirlo ou Maldini du côté de Milanello, il s’est épanoui dans le jeu sous Laurent Blanc. A tel point qu’il a fait oublier Johan Micoud et permis à Bordeaux de mettre fin à l’hégémonie lyonnaise dans l’Hexagone. Auteur d’une saison époustouflante, Gourcuff en profite au passage pour s’imposer chez les Bleus. Une réussite qui donne forcément des idées aux dirigeants bordelais.
« On l'avait pris pour un prêt en étant quasi certain qu'il allait retourner à Milan, avait confié l'entraîneur bordelais en fin de saison. Là, on commence à se poser la question de savoir s'il va rester à Bordeaux. Maintenant, comme on dit en tauromachie, il faut porter l'estocade ». Une estocade qui s’est d’abord heurté à la volonté des Milanais de récupérer un joueur qui a prouvé tout son talent lors de cette saison en prêt. « Il reviendra sûrement parce qu’il n’est que prêté », a notamment glissé Carlo Ancelotti, alors coach de l’AC Milan, avec lequel Gourcuff est sous contrat jusqu’en 2012. Peut-être voyait-il en lui le successeur de ses cadres ou entrait-il en négociations… Adriano Galliani, dirigeant du club lombard, ajoutait de son côté : « Nous savons que Bordeaux ne le retiendra pas, car le prix est beaucoup trop élevé pour eux ». En effet, l’option d’achat annoncée dans les médias s’élevait à 15 millions d’euros.
Mais Bordeaux n’avait pas dit son dernier mot. « Ils disent que si Yoann continue comme ça, il retournera la saison prochaine à Milan. [...] Ce n'est pas la meilleure manière de faire envie au petit d'y retourner. [...] Ce n'est pas si simple que ça. On a une option d'achat », déclarait le président Jean-Louis Triaud dans France Football. Finalement, trois jours avant l’ultimatum fixé par l’AC Milan au 31 mai, et quatre jours après avoir été élu meilleur joueur de la saison en Ligue 1, Bordeaux a mis les petits plats dans les grands pour officialiser la signature de Yoann Gourcuff pour quatre ans. « On a réévalué une proposition que je qualifierai de très importante », assurait à l’époque au Parisien un membre de la direction. Et pour première récompense, la recrue bordelaise a apporté la même semaine un 6e titre de champion de France à son nouveau club.
D’autres joueurs ont profité d’un prêt pour ajouter une ligne à leur palmarès. Outre Gourcuff à Bordeaux, Stéphane Ziani avait auparavant quitté les Girondins le temps de participer au sacre du FC Nantes en 2000/2001. Le petit meneur avait ainsi décroché son 2e titre de champion de Ligue 1 McDonald's après celui avec le RC Lens trois ans plus tôt.
Les joueurs champions de Ligue 1 en prêt au 21e siècle :
Marc Crosas (OL, 07/08), Yoann Gourcuff (Bordeaux, 08/09), David Rozehnal (LOSC, 10/11), Serge Aurier (PSG, 14/15), Kylian Mbappé (PSG, 17/18), Mauro Icardi et Sergio Rico (PSG, 19/20), Nuno Mendes (PSG, 21/22), Hugo Ekitike (SG, 22/23), Gonçalo Ramos (PSG, 23/24)
Cantona, deux prêts historiques en un an
Après l’affaire du « maillot », qu’Eric Cantona a jeté de colère aux pieds de son entraîneur Gérard Gili à sa sortie du terrain lors d’un match amical à Sedan avec l’OM contre le Torpedo Moscou le 28 janvier 1989, l’Olympique de Marseille a eu recours au prêt pour envoyer son attaquant loin de Marseille.
C’est d’abord à Bordeaux que Cantona atterrit fin février. Un prêt détonnant à l’époque entre l’OM et Bordeaux. Claude Bez, président des Girondins, a renoué le dialogue et la négociation avec son homologue marseillais, Bernard Tapie, pour tenter de relancer son équipe qui végète dans la seconde moitié du classement et se trouve en quête de victoire depuis quatre mois. Le prêt est conclu en deux jours et « Canto » quitte la Canebière sans avoir le temps de saluer ses coéquipiers. Le dimanche suivant, l’attaquant est titularisé par Didier Couécou, fraîchement nommé sur le banc bordelais, et trouve les filets après 15 minutes de jeu sans éviter la défaite des siens à la Meinau (3-2). Devenu la cible des supporters en déplacement, Éric Cantona retrouve toutefois son football en Gironde avec 6 buts en 11 matchs de D1, sans avoir disputé la rencontre contre l’OM mi-mars (2-2).
Un salaire divisé par deux pour un prêt à Montpellier
La raison ? Non pas un accord entre les deux clubs au moment de l’accord de prêt, ni la suspension de la qualification d’Éric Cantona (et de tous les joueurs ayant obtenu une dérogation) pour avoir été muté en dehors de la période prévue finalement levée deux jours avant le match. Après avoir avancé une contracture à la cuisse à l’accent diplomatique, Claude Bez avait révélé à l’époque dans France Football que le joueur « ne jouerait pas à Marseille. Et aucun accord entre moi et Tapie n’a été pris en ce sens. C’est une question d’honnêteté intellectuelle vis-à-vis du club et d’un président qui ont aidé les Girondins en permettant l’arrivée de Cantona chez nous ». Et de se projeter dans l’avenir pour Cantona : « Il n’est que prêté, alors imaginez qu’il retourne à Marseille la saison prochaine mais qu’entre temps, il nous ait permis de l’emporter sur la Canebière… Il se retrouverait dans une position difficile. C’est une affaire de fair-play ».
Lors de la saison suivante (1989/90), Éric Cantona et Stéphane Paille ont le projet d’évoluer sous le même maillot. Et Bordeaux est sur les rangs mais, cette fois, aucun accord n'est conclu pour un prêt du « Marseillais ». Et c’est finalement sous la houlette d’Aimé Jacquet – triple champion avec… Bordeaux - que le duo offensif se forme au Montpellier HSC. Cela dans le cadre d’un nouveau prêt de 3 millions de francs signé avant même la dernière journée de la saison 1988/89, Bernard Tapie ne voulant pas le vendre, pourtant « j’avais preneur en Italie. Un prêt d’un an à Montpellier, c’est idéal », confiait le président de l’OM.
De son côté, Éric Cantona a, selon la presse de l’époque, divisé son salaire de moitié pour jouer avec son pote. « Il y a des choses qui valent la peine d’être vécues et, l’argent, on ne l’emporte pas au paradis », a-t-il expliqué à l’occasion de la présentation des deux recrues fin mai. Un changement de cap pour le club héraultais rebaptisé « Montpellier-Hérault » à l’occasion du renfort des deux attaquants de l’équipe de France Espoirs. Malgré les 10 buts de l’attaquant en championnat, Éric Cantona et le MHSC ne terminent que 13es au terme d’une saison animée par un nouveau geste d’humeur du Français sur son coéquipier Jean-Claude Lemoult un soir de défaite à Lille en octobre (qui lui a valu une mise à l’écart du groupe). Malgré tout, ce prêt a finalement été à son terme et s’est achevé sur un fait d’histoire pour le MHSC, la victoire en Coupe de France. Une ligne au palmarès à laquelle Éric Cantona a joué les premiers rôles (4 buts), en signant le but de la qualification pour la finale dans le Chaudron.
De Hilton à Fabinho, ces Brésiliens arrivés en prêt en France
Beaucoup ont oublié que c’est sur l’Île de Beauté qu’a débuté la belle histoire de Vitorino Hilton avec la France et qu’il était alors totalement inconnu. Tout comme lui, d’autres Brésiliens ont pris leur envol en rejoignant le championnat de France, comme Sonny Anderson à l’OM dans les années 90, Fabinho (AS Monaco, 13/14), Marçal (EAG, 16/17) et les deux Niçois Ederson (04-05) et Carlos Eduardo (14/15) ont tous pleinement profité d’un prêt.
Joueur étranger le plus capé de Ligue 1 McDonald's, Hilton a porté le maillot du SC Bastia avant d’endosser ceux du RC Lens, de l’OM et du Montpellier Hérault SC. En Corse, Vitorino Hilton n'a joué que pendant six mois. Le joueur avait expliqué son choix de rejoindre le championnat de France au début de l’année 2004. « Au bout de 2 ans en Suisse, je me suis aperçu que le football suisse n’était pas plus médiatisé que celui du Mexique (où le joueur avait failli signer auparavant) et je m’apprêtais à rentrer au Brésil quand mon agent m’a parlé d’un club en France, Bastia. Il fallait que je baisse mon salaire mais j’ai dit : « On y va ! ».
Une stratégie payante. Car, très vite, le défenseur a épaté par ses qualités, notamment techniques, à commencer par son coach. « Quand il est arrivé, au bout de 48h, je me suis dit qu'on avait trouvé la perle rare », se rappelait Gérard Gili. Bien que maintenu, en bonne partie grâce à son Brésilien, le SCB n’a pu retenir sa révélation en fin de saison, laissant le RC Lens profiter de cette belle trouvaille.
Avant lui, l’OGC Nice avait aussi montré une attirance pour les pépites brésiliennes. Avant même Carlos Eduardo - auteur d’un quintuplé historique contre Guingamp en Ligue 1, c’est Ederson qui a quitté le Brésil pour la France. A seulement 18 ans, Ederson était arrivé en prêt en janvier pour ses six premiers mois en Europe. Dès son 3e match, il s’illustre quatre minutes après son entrée en jeu en marquant le but de la victoire d’un lob de 40 mètres dans le derby face à Monaco… De quoi obtenir un second prêt consécutif sur la Côte d’Azur, cette fois pour une saison complète. En tout, Ederson passera trois saisons au Gym, avant que son compatriote Juninho ne joue de son pouvoir d’influence pour le faire venir à l’OL.
Rony Lopes ou « Monsieur prêts »
A l’image d’Ederson, la Ligue 1 McDonald's a été marquée par d’autres joueurs ayant connu plusieurs prêts, parfois dans la même équipe. Cette saison notamment, Martín Satriano a été prêté au Stade Brestois 29 une seconde fois en trois saisons par l’Inter Milan. Fait plutôt rare mais qui s’explique par le fait que le SB29 n’a pas réussi à le conserver, avant de revenir à la charge un an plus tard auprès de l’Inter.
Certains joueurs ont connu différentes expériences en prêt. Si, pour un jeune talent comme William Saliba, qui a enchaîné trois saisons en prêt à l’ASSE, Nice et l’OM, cela a permis une montée en puissance, pour d’autres, cela n’a pas toujours été bénéfique. Du côté du défenseur tricolore, ces prêts s’inscrivaient dans un réel projet : « Ça a m’a aidé à me motiver de savoir qu’Arsenal me surveillait et que, bientôt, je serais de retour. Chaque semaine, le club me conseillait et m’encourageait ! ». Pour d’autres, ces prêts peuvent apparaître comme autant d’épreuves.
Et les contraintes liées à un grand nombre de prêts, c’est Rony Lopes qui en parle le mieux. Il faut dire que le Portugais les a collectionnés, notamment quatre en France (deux au LOSC, un à l’OGC Nice et à l’ESTAC) pour un total de 95 rencontres disputées en prêt. « Être prêté chaque année, ne jamais savoir où je vais être la saison suivante, toujours changer de maison, c’est compliqué… Je reviens en France, je retourne en Espagne, je pars en Grèce, je retourne en Espagne et finalement je reviens encore en France… Certes, je m’adapte facilement, car je parle plusieurs langues, mais c’est toujours difficile de changer tout le temps. », nous racontait le Portugais à son époque troyenne (2022/23).
Avant d’évoquer les avantages d’une stabilité trop rarement vécue : « Quand tu es sur la durée dans un club, tu as une vie plus stable, tu sais où tu vas être dans les prochains mois, donc tu peux organiser ton futur et avoir des projets. Chaque fois, je commence la préparation dans un club, après je change. Quand j’arrive quelque part, le club veut bien souvent m’utiliser tout de suite, alors que je dois aussi rattraper mon retard physique. Ce n’est pas simple à gérer… ».
Arteta, jamais qu’en prêts
Barré par le duo Xavi-Iniesta et la pépite montante Fabregas au Barça, Mikel Arteta s’est laissé tenter à même pas 19 ans par une aventure à l’étranger. Précédé d’une belle réputation, le milieu espagnol, repéré par Luis Fernandez (entraîneur du PSG), rejoint le PSG en janvier 2001. « Arteta, personne ne me l’a conseillé. Moi, je fais confiance à mes yeux et je l’ai fait venir à Paris parce que je l’avais vu jouer et que j’appréciais son profil. Quand j’étais à Bilbao, déjà, le club le voulait et on m’avait demandé mon avis, j’étais très favorable à sa venue », confiait ce dernier à So Foot.
Ce prêt d’un jeune, Luis Fernandez a expliqué qu’il ne l’avait pas demandé simplement pour compléter son effectif, mais bien pour le mettre en concurrence avec les autres joueurs au sein d’un milieu composé des Déhu, Luccin, Vampeta, Edouard Cissé et Ducrocq. Conquis par les six premiers mois du Basque, le PSG réussit à le conserver cette fois pendant toute une saison (01/02). S’il est tout aussi conquis par le talent d’Arteta, le club parisien ne parvient pas à l’enrôler définitivement. « On était à la fois déçus de perdre un joueur important de l’équipe, mais aussi un peu surpris par le fait qu’il nous quitte pour aller aux Rangers », résumait Frédéric Déhu.
Invincible Sorín
Un an après Arteta, le PSG a de nouveau été inspiré dans ses prêts obtenus. Cette fois, c’est Juan Pablo Sorín qui envoûte les supporters. Le bonheur n’a duré qu’un an, mais il a marqué aussi bien l'Argentin que les supporters parisiens. Lors de la saison 2003/2004, la première de Vahid Halilhodzic, le latéral argentin réussit la prouesse de rester invaincu sous le maillot parisien, soit 26 rencontres, lui qui peinait pourtant à s’imposer en Europe après des échecs à la Lazio et à Barcelone. Dans la capitale, l’international argentin a donné sa pleine mesure : « C’est incroyable ! Je sais que j’ai eu de la chance, mais si j’ai réussi cette performance c’est aussi parce que j’ai toujours tout donné pour ce club. » Une saison de rêve sans suite du côté du PSG. La raison ? Juan Pablo Sorín a avancé qu’au cours d’une réunion, « Coach Vahid » lui aurait demandé de ne pas jouer tous les matchs avec sa sélection, ce qu’il ne pouvait se résoudre à accepter…
Deux saisons plus tard, le PSG de Guy Lacombe a tenté de prolonger l’histoire. « Notre idée était de faire revenir Sorín. Nous sommes allés le rencontrer en Allemagne pendant la Coupe du monde mais c’était inenvisageable en raison de son salaire », a expliqué l’ancien président du club, Alain Cayzac. Ainsi, Juan Pablo Sorín est resté « l’invincible » dans l’esprit des Parisiens.
Joe Cole, un joli cadeau pour le LOSC
Avant André Gomes en provenance d’Everton en 2022/2023, le LOSC avait déjà connu les joies de voir débarquer en prêt une pointure de Premier League. Lors de la saison 2011/12, Joe Cole – 1er international anglais en Ligue 1 depuis Waddle (1992) - a connu l’unique mutation temporaire de ses 20 années de carrière. A Liverpool, il sortait d’une triste saison et Kenny Dalglish ne comptait pas sur lui… A 29 ans, sa valeur marchande n’étant pas à son plus haut, l’option du prêt pour se relancer a été privilégiée. Reds et Dogues se trouvant un intérêt commun, le milieu aux 56 capees a débarqué le dernier jour du mercato d’été à Luchin.
« Je crois que c’est Rudi Garcia qui a le tuyau pour faire venir Joe Cole. Moi, je lui dis que c’est impossible, que c’est pas pour nous ! », a confié quelques temps plus tard Jean-Michel Vandamme, le directeur sportif lillois de l’époque, imaginant notamment le niveau de rémunération du joueur chez les Reds. Mais « Joe Cole voulait venir en France, et Michel Seydoux aimait bien ces coups un peu marketing, comme avec Kluivert avant lui. Mais Cole, en plus de son apport sur le terrain, a apporté tout son sérieux, son engagement. Une plus-value sur le terrain d’un côté, une qualité énorme dans les vestiaires de l’autre », a-t-il complété dans So Foot.
Si la route du LOSC et celle de Joe Cole ne se sont croisées qu’une saison, un tel prêt a ruisselé sur les autres joueurs, notamment les jeunes. « Le mec, c’est la classe. Toujours le premier arrivé, toujours le dernier parti… Il travaillait comme un fou, comme un petit jeune, alors qu’il n’avait rien à prouver ! », partageait pour sa part la promesse belge Gianni Bruno. En effet, l’implication de l’Anglais a été totale en France. Seulement prêté, Joe Cole avait tenu à résider dans le Nord et avait fourni les efforts pour apprendre la langue. De quoi mieux communiquer avec ses coéquipiers, comme par exemple avec Eden Hazard, à qui il a fortement conseillé de choisir Chelsea…