« Au plus près du prêt » : Mode d’emploi

Option d’achat, prêt renouvelable, nombre limité, salaire…retrouvez le cadre réglementaire des prêts dans le 1er épisode de notre série.

Depuis le 10 juin, les clubs de Ligue McDonald's peuvent officiellement recruter de nouveaux joueurs. Parmi les options possibles il existe la mutation temporaire, à savoir le prêt.

Ce que prévoit le règlement pour les joueurs prêtés

• Un joueur muté temporairement peut réintégrer à tout moment son club d’origine. Et cela afin de résilier son contrat immédiatement ou d’être immédiatement muté en faveur d’un nouveau club.
   
• La mutation temporaire d’un joueur professionnel peut être renouvelée à tout moment, avec l’accord écrit du joueur et dans le respect des dispositions conventionnelles applicables.
   
• Le prêt d’un joueur professionnel peut être transformée à tout moment en mutation définitive, avec l’accord du joueur.
   
• Un club ayant accepté un joueur sur la base d’une mutation temporaire n’est pas autorisé à le muter dans un troisième club.

Combien de joueurs un club peut-il prêter au cours d’une saison ?

Depuis la saison 2022/2023, la FIFA encadre le nombre de prêts autorisés (il n’y avait aucune limitation avant 2022/2023).

Voici un rappel sur le nombre de prêts autorisés en France et à l’étranger (il s’agit de deux comptabilisations distinctes) :

En France, 7 prêts maximum dans le sens des départs et 5 dans le sens des arrivées.

Un club ne peut muter à titre temporaire qu’un maximum de deux joueurs dans le même club.

A l’étranger

• En 2022/2023 : c’était 8 joueurs maximum dans le sens des départs et 8 dans le sens des arrivées
• En 2023/2024 : c’est 7 joueurs maximum dans le sens des départs et 7 dans le sens des arrivées
• En 2024/2025 (limitation définitive) : ce sera 6 joueurs maximum dans le sens des départs et 6 dans le sens des arrivées    

Quelles règles pour le prêt avec option d’achat ?

Aucune disposition règlementaire n’existe régissant les prêts avec option d’achat. 

Il est possible d’avoir une option d’achat qui peut être levée à la seule discrétion du club bénéficiant du joueur en prêt (avant une certaine date convenue dans la convention de prêt) ou si une condition, prédéfinie dans l’accord de prêt, est réalisée (ex : performance du joueur, collective…).

Un club peut-il prêté un joueur qu’il vient de recruter ?

Un club peut prêter un joueur qu’il vient de recruter uniquement dans le club qu’il vient de quitter. Ce qui se présente parfois lors du mercato d’hiver, permettant à des joueurs de terminer la saison avec leur club initial. Ce qui a pu être observé par exemple entre le LOSC et Liverpool pour le transfert de Divock Origi en 2014. Le Belge avait aussitôt été prêté une saison par son nouveau club à son ancien. Idem entre Arsenal et l’AS Saint-Etienne avec William Saliba en 2019.

« Seuls les joueurs déjà licenciés au club depuis la précédente période d’enregistrement ou ceux ayant déjà été mutés temporairement par ce club lors de la saison précédente pourront faire l’objet de mutations temporaires. Toutefois, cette ancienneté n’est pas applicable au joueur muté temporairement dans le club qu’il vient de quitter ». Ensuite, cette disposition s’applique uniquement en France, donc un club français a la possibilité de prêter un joueur qu’il vient de recruter à l’étranger.

Combien de fois un prêt peut-il être renouvelé ?

Le prêt est renouvelable mais aucune disposition ne prévoir un nombre limité. Ainsi, il n’est pas rare de trouver des joueurs connaître deux prêts successifs au sein d’un même club. Cela a été le cas d’Ayman Kari du PSG à Lorient ces deux dernières saisons ou avant lui Arnaud Kalimuendo, toujours entre le club parisien et le RC Lens (20/21 et 21/22).

Un joueur prêté peut-il jouer contre son club initial ? 

Aucun point de règlement ne l’en empêche. Cela fait partie des accords conclus entre les clubs lors des négociations. 

Au début des années 2000, lorsque les prêts ont commencé à se multiplier les accords entre clubs se sont mis en place. Soucieux de ne plus voir des prêts se retourner contre eux, les clubs prêteurs ont alors pris le soin de ne pas voir « leurs joueurs » les affronter. « Quand on prête un joueur, on peut définir les conditions dans lequel on le prête », expliquait le président bordelais Jean-Louis Triaud en 2012, lorsqu’Anthony Modeste, prêté à Bastia (15 buts), n’avait pas été aligné lors des confrontations entre les deux équipes.

D’autres cas marquants peuvent être pris en exemple. Tout d’abord celui de Fernando Morientes. Le prêt de l’attaquant à l’AS Monaco fait partie de ceux réussis qui ont amené le Real Madrid à inclure une clause dans les contrats de mutations temporaires.

Les cas Morientes et Loko

Cette clause parfois mise en place n’a pas toujours existée. Ainsi, l’histoire est jalonnée de joueurs ayant brillé face à leur club initial…Notamment ceux de Patrice Loko avec le PSG et Fernando Morientes et le Real Madrid.

En toute fin de mercato à l’été 2003, l’AS Monaco s’active pour obtenir un dernier renfort offensif après la grave blessure de Shabani Nonda et décide de réactiver la piste Morientes, grandement courtisé en Europe. Alors que les deux clubs parviennent à trouver un accord autour d’un prêt avec une prise en charge partagée du salaire, le joueur n’est pas plus difficile à convaincre après avoir pris conseils auprès de Zidane et Makelele.

Barré par l’arrivée du Brésilien Ronaldo, l’Espagnol de 27 ans s’éclate en Principauté. Meilleur buteur de la Ligue des Champions (9 buts), il se montre surtout décisif lors de l’exploit de l’ASM contre le Real en quarts de finale. L’expérience vécue avec Morientes a conduit le Real à revoir sa politique en matière de prêts.

Avant lui, Patrice Loko avait retrouvé des couleurs en quittant le PSG pour un prêt au FC Lorient en 1997. Relégué sur le banc parisien, l’ex-attaquant canari rejoint la Bretagne en novembre.

Un mois plus tard, c’est le PSG qui se présente au Moustoir… « Je suis vraiment content de les revoir. Je vais tous leur serrer la main avant la rencontre. Cela va sans doute me faire tout drôle car je suis resté supporter de Paris », confiait Loko dans L’Equipe. Malgré l’émotion, il est parvenu à marquer un doublé pour la victoire de sa nouvelle équipe... « Il n’y avait pas de clause à l’époque et j’avais pu jouer contre mon club prêteur. », précisait l’attaquant qui n’est jamais revenu au PSG (Ouest France).

Dans un autre style, en février 2006 le RC Lens et l’OL s’affrontent dans un match marqué par la présence côté sang et or de Pierre-Alain Frau, sous contrat avec Lyon. En effet, l’attaquant venait d’être prêté par le club rhodanien au RCL. Ce qui a conduit à quelques échanges animés entre les présidents des deux clubs, Gervais Martel et Jean-Michel Aulas. Ce dernier reprochant au premier d’avoir aligné « PAF ». « Nous nous sommes accrochés après un match parce qu’il m’avait prêté Pierre-Alain Frau et il m’a reproché pendant toute la rencontre le fait qu’il joue : «Tu m’avais dit qu’il ne jouerait pas ! » J’ai dit : « On n’a rien signé et il joue. », a expliqué le dirigeant lensois. Une expérience qui a sans doute conduit les clubs à mieux s’accorder sur les mutations temporaires.

Quel impact sur le salaire du joueur ?

Il n’existe pas de disposition règlementaire ou conventionnelle. La question du salaire est de l’ordre de la négociation entre les clubs concernés et le joueur. Il est ainsi possible d’avoir une prise en charge totale par le club recevant ou une prise en charge partielle, avec une contribution financière versée par le club prêteur. Ou enfin, voir le joueur accepter une baisse de son salaire dans le cadre de son prêt. 

La seule obligation concernant le salaire envers un joueur est prévue à l’article 504 de la Charte du football professionnel. Lequel prévoit que la rémunération dont bénéficie le joueur à son retour dans le club d’origine ne peut être inférieure à celle que lui accordait le club dans lequel il était prêté.