L'auditorium du centre de performance de l'AS Monaco à La Turbie était plein à craquer lorsque Paul Pogba (91 sélections, 11 buts), qui n'a plus évolué en équipe de France depuis le 29 mars 2022 contre l'Afrique du Sud (5-0), a pris la parole au cœur de l'après-midi jeudi. « C'est le souhait de tout joueur de foot français de jouer en équipe de France, mais il y a des étapes, aujourd'hui je suis à l'étape 1 : revenir et être performant », a expliqué le champion du monde 2018, qui fait d’un retour chez les Bleus « un rêve et un bonus ». « Il y a des places à gagner et il faut les mériter parce qu'il y a un très, très grand groupe, une belle équipe », a-t-il ajouté. Sans lui, la France a atteint la finale du Mondial 2022, battue par l'Argentine (3-3, 4-2 tab) puis la demi-finale de l'Euro 2024, vaincue par l'Espagne 2-1.
Pour parvenir à disputer le Mondial 2026 et relancer sa carrière, après trois saisons quasi blanches en raison d'une suspension pour dopage de 18 mois qui a pris fin en mars, de nombreuses blessures et d'une affaire de séquestration dont il a été victime, Pogba s'est donc engagé deux ans avec l’AS Monaco. Et il a « oublié tout le passé ». « Je suis reconnaissant de tout ce qui s'est passé, a-t-il même assuré. Parce que ça m'a aidé à grandir, à voir ce qui peut se passer dans la vraie vie. Je n'ai aucune revanche à prendre sur qui que ce soit. Je suis juste heureux de faire ce que j'aime le plus au monde. »
Paul Pogba ne compte plus se polluer l'esprit avec des pensées négatives. Il n'a ainsi « pas de guerre à faire » avec son ancien club, la Juventus Turin, qui a résilié son contrat en novembre dernier alors qu'il était suspendu. « J'ai toujours aimé la Juve, qui m'a aidé à être le Paul Pogba que je suis aujourd'hui », a-t-il insisté. « Le passé est le passé. Quant à savoir si je reviendrai à mon prime, le temps le dira. J'espère être plus fort qu'avant, parce que j'ai encore plus d'espoir. Deux ans sans jouer m'ont donné une force en plus. »
Sans club, il s'est astreint à travailler seul « parce que je me disais qu'un club pouvait venir à tout moment ». Pourtant, même soutenu par ses proches, « il y avait des moments de doute ». « Dans ma tête, c'était ange et démon : " Tu vas reprendre, revenir, peut-être non, c'est fini ", a-t-il indiqué. « C'était difficile. Mais ma famille, surtout ma femme, m'a poussé. Et en regardant mes enfants, je me suis dit que j'aimerais qu'ils me voient jouer. Aujourd'hui, un premier objectif a été fait : signer dans un club. »
D'où ses larmes dévoilées dans une vidéo par les réseaux sociaux du club au moment de la signature de son contrat. « C'est très rare de me voir pleurer comme ça, j'espère que vous en avez bien profité », a-t-il souri. « Énormément d'images me sont venues en tête. Vous savez l'histoire : doping, blessures, et autres [...] Tout ça revenait. Je n'ai pas pu me retenir. C'était un moment de joie et de détermination. »
Pour lui, désormais, « le plus facile » commence. Car si le directeur général du club, Thiago Scuro, compte sur une période de trois mois pour qu'il retrouve un bon niveau athlétique, lui estime qu'en Principauté, « il y a une très bonne structure, une très bonne énergie, de bonnes personnes, qui vont m'aider à revenir à mon meilleur niveau ».
« C'est très important d'être bien dans ma tête et que mon corps soit bien pour que je retrouve les terrains et que je sois libre comme un oiseau », a-t-il lancé. « Je suis déterminé, avec du temps et de la patience, pour revenir et prendre ce plaisir que j'avais perdu », a-t-il encore assuré. Certes, Pogba a « pris un coup sur le plan mental et physique ces dernières années », mais « Paul Pogba n'est pas mort », a-t-il clamé.
(Crédit photo : AS Monaco)