Interview

Tom Pouilly : « Avant d’être joueur, je suis supporter du RC Lens »

Au RC Lens depuis l’âge de 7 ans, le jeune Tom Pouilly revient sur sa première saison pro avec les Sang et Or. Sa fierté de représenter son club de cœur, la préparation mentale, Yohan Démont, son côté ambianceur… Entretien.
Publié le 09/06/2025 à 10:38
8 min de lecture
Piston ou milieu, Tom Pouilly a disputé 10 matchs de Ligue 1 McDonald's en 2024/2025 dont les 6 derniers.

Comment est-ce que tout a commencé avec le RC Lens ?
Alors, j’ai démarré le foot à l’âge de 6 ans, dans le club de Cuinchy et au mois de décembre, j’ai participé à un tournoi en salle où des recruteurs du RC Lens étaient présents. Ils sont allés parler à mes parents et ensuite, j’ai commencé à faire des tests au club. Je me souviens que c’était tous les jeudis soirs. Et j’ai donc intégré l’école de foot du RC Lens, où j’ai fait toutes mes classes jusqu’à l’équipe pro !

Quels sont tes premiers souvenirs du RC Lens ?
D’aussi loin que je me souvienne, j’ai le RC Lens en moi car toute ma famille supporte le club : mon père, ma mère, mon grand-père… Il y a aussi mes potes de Nœux-les-Mines, tout le monde en fait ! Et moi aussi, avant d’être joueur, je suis supporter du RC Lens. J’ai beaucoup de souvenirs à Bollaert où j’ai commencé à aller avec mon père à partir de 5-6 ans. C’était l’époque des Yohan Démont, Adil Hermach, Raphaël Varane, Geoffrey Kondogbia, Samba Sow, que j’ai d’ailleurs retrouvé en réserve il y a quelques années… Dans le stade, on se mettait un peu à la gauche du kop, en tribune Marek, et maintenant, quand j’entre la pelouse, c’est dans cette direction que je regarde.

Tu as donc fait toutes tes gammes avec les équipes de jeunes du RC Lens. Est-ce que tout a toujours été linéaire ?
Tout s’est enchaîné sans souci jusqu’à la réserve, où j’étais capitaine de la N2 même si j’étais l’un des plus jeunes de l’équipe. Mais après, j’ai connu une saison 2022/2023 un peu compliquée. Je me suis vite blessé, puis j’ai eu du mal à retrouver ma place dans le 11. Quand la saison s’est terminée, je n’avais pas atteint les objectifs personnels que je m’étais fixés et j’ai dû signer un contrat amateur, ce qui n’était pas le contrat que je visais. Mais je me suis accroché et, grâce aux conseils de Thierry Malaspina (ex-entraîneur des gardiens) notamment, j’ai continué à travailler pour réussir à signer pro et pouvoir jouer avec l’équipe première de mon club formateur et de mon club de cœur.

Durant ta formation, tu as notamment été entraîné par quelqu’un que tu as cité tout à l’heure, Yohan Démont…
Oui, je l’ai eu en U16 puis en réserve. C’est un coach qui a été très important pour moi car c’est avec lui que j’ai vécu une de mes meilleures saisons en réserve, avec le brassard, où j’ai franchi le cap qui sépare les jeunes du niveau senior. Si vous vous rappelez du joueur qu’il était, vous ne serez pas surpris d’entendre que c’est un coach qui fait tout pour que ses joueurs mouillent le maillot. Il symbolise les valeurs du club et les inculque à ses joueurs.

« J’ai toujours été un "charbonneur" plutôt qu’un talentueux »

Justement, lors de la signature de ton premier contrat pro en juillet dernier, Éric Sikora a dit que tu représentais l’identité et les valeurs du club. Comment les définirais-tu ?
Le RC Lens, c’est charbonner, mouiller le maillot, comme on peut le lire dans les couloirs de la Gaillette. Charbonner, c’est une manière de rendre hommage aux mineurs de la région. L’objectif, c’est d’entrer sur le terrain pour tout donner. Les différents entraîneurs du club nous transmettent cette mentalité. Mais moi, j’ai toujours été un « charbonneur » plutôt qu’un talentueux. Il a toujours fallu que je travaille, que j’en fasse beaucoup au quotidien pour pouvoir performer.

Quelques semaines après être passé pro, tu jouais pour la première fois avec l’équipe première à Bollaert…
Un moment exceptionnel… Je venais donc de signer professionnel, avec tous mes proches qui étaient présents, et vient donc ce match amical contre Leicester à Bollaert. Quand le coach Edward Still m’a dit que j’allais entrer en jeu, les émotions se sont bousculées, je me suis revu en tribune enfant. C’est un moment dont je vais me rappeler toute ma vie ! C’est peut-être un peu évident mais j’ai tout de suite été marqué par l’ambiance. Vivre ça sur le terrain, c’est encore autre chose.

C’est-à-dire ?
J’avais déjà fait des bancs en Ligue 1 mais ressentir l’énergie des supporters depuis la pelouse, c’est différent. Il y a vraiment une énergie supplémentaire. Quand ça pousse dans les dernières minutes, tu ressens vraiment ce supplément d’âme. Et ça joue forcément un rôle dans les bonnes performances de l’équipe ces dernières saisons.

Qu’est-ce que ça fait de découvrir la Ligue 1 McDonald’s avec son club de toujours ?
C’est beau, encore plus en étant issu de la formation lensoise ! J’ai ressenti beaucoup de fierté pour mes premières minutes en championnat, sur la pelouse de Saint-Étienne, un autre stade dans lequel il y a une grosse ambiance. J’ai repensé à toutes mes années depuis l’école de foot à Lens.

Quand on est formé à La Gaillette comme Rémy Labeau-Lascary, Anthony Bermont ou toi, et qu’on voit le RC Lens faire de grandes saisons avec des qualifications pour l’Europe comme ces dernières années, est-ce qu’on se dit que ça va être plus compliqué de percer ?
C’est sûr que c’est plus difficile de s’imposer dans un effectif niveau coupe d’Europe mais le fait d’être au contact de très bons joueurs, ça permet aussi de progresser plus vite. Et si l’on sent que c’est un peu compliqué, c’est là qu’il faut repenser aux valeurs du club et travailler sans relâche pour espérer s’imposer un jour à Lens.

« J’ai énormément progressé avec le préparateur mental »

Plus généralement, est-ce que l’on ressent davantage de pression en tant que joueur du cru ?
Pas du tout. Lens, c’est chez moi, c’est mon club de cœur. Les encouragements des supporters sont vraiment un plus, ce n’est que du positif, pas une pression supplémentaire. S’il y a un risque de surjouer en tant que vrai supporter du RC Lens ? Je ne crois pas. Mais c’est vrai que je suis avant tout supporter de Lens donc quand j’entends les Corons à la pause, quand je vois le public nous pousser jusqu’à la dernière minute, je ressens quelque chose d’indescriptible.

Y a-t-il un joueur de l’équipe première dont tu essaies de t’inspirer ?
Je parle un peu à tout le monde mais à mes débuts avec le groupe pro, je me souviens que Florian Sotoca et Jonathan Gradit venaient beaucoup vers moi pour me donner des conseils et pour m’encourager. Ils continuent et c’est aussi grâce à eux que j’en suis là. Je veux aussi citer Ruben Aguilar, qui joue piston droit comme moi, et qui me « forme » pour ma future carrière.

Il paraît que tu travailles sur la gestion des émotions avec un préparateur mental…
En fait, le club faisait venir un préparateur mental, Florent Routier, toutes les semaines. Et il a été très important pour moi car j’avais parfois du mal à gérer mes émotions et à prendre du recul. Je m’emballais un peu trop vite, je m’agaçais, notamment par rapport aux décisions arbitrales… J’étais frustré quand je n’étais pas retenu dans le groupe… Donc j’ai énormément échangé avec le préparateur mental, j’ai mis en place des choses, au niveau de la respiration par exemple, et j’ai énormément progressé.

C’est plus dur de se contrôler et d’avoir la tête froide quand on joue pour son club de cœur ?
Je ne sais pas... Par exemple, j’avais un peu les boules quand je n’ai pas été pris dans le groupe pour le derby retour. Les matchs contre le LOSC, notre rival, ce sont les matchs les plus importants de la saison pour moi. J’avais forcément envie de jouer ce match et de défendre les couleurs lensoises mais grâce aux échanges avec le préparateur mental, j’ai su prendre du recul. De toute façon, je n’avais pas le choix, il fallait faire avec (sourire). Le foot, c’est aussi savoir garder la tête froide et avancer, dans les bons comme dans les moins bons moments.

« J’aime mettre l’ambiance »

Cette saison, tu as plusieurs fois fait l’aller-retour entre le groupe pro et la réserve, où tu étais capitaine et souvent buteur. Ce n’était pas trop dur de faire la navette ?
Non, car je m’y étais préparé dès la préparation estivale. Je me suis dit que lorsque j’allais redescendre en réserve, il fallait que je sois capable d’apporter un vrai plus. De la même façon que je donne tout en pro, je donne tout en réserve, et c’est vrai que ça a payé car j’ai souvent été décisif. Ici aussi, il fallait savoir gérer les émotions mais de toute façon, que je joue en première ou en réserve, je donnerai toujours tout pour les couleurs lensoises.

Après les victoires du RC Lens, tu t’es fait remarquer par ton côté ambianceur…
Ça fait vraiment partie de ma personnalité. J’aime mettre l’ambiance et quand on chambre mon club, ça me donne encore plus envie de répondre, un peu comme après notre victoire au Vélodrome. J’adore cette fusion qu’il peut y avoir entre les joueurs et les supporters. Ça fait la différence sur le terrain. Quand les supporters donnent tout pendant 90 minutes, c’est comme si on était 12 sur le terrain et tu ne peux pas rentrer au vestiaire sans aller communier avec eux. Quand on gagne, on gagne tous ensemble !

La fiche de Tom Pouilly