Ludovic Ajorque en toute détente

Il est revenu tel qui nous avait quittés. Avec la sérénité qui le caractérise, l’attaquant brestois est la tour de contrôle du championnat, même si la proximité avec l’océan réclamerait plutôt d’utiliser le terme de phare. Arrivé l’été dernier au Stade Brestois 29 pour remplacer numériquement Steve Mounié sans pour autant « faire du Steve Mounié » - entendez ici qu’il est davantage dans la construction du jeu - Ludovic Ajorque a repris ses bonnes habitudes hexagonales pour imposer ses 196 ou 197 centimètres selon les sources, pour en faire le joueur le plus redoutable dès qu’il s’agit de prendre de la hauteur.

Dimanche dans le Chaudron, Ajorque a signé un doublé - son premier avec le SB29 - pour porter son total de réalisations à 12 en Ligue 1 McDonald's. Soit le plus haut total d'un même exercice pour un Brestois depuis Bernard Ferrer (90/91)...  

Les plus grands joueurs de champ cette saison (au moins 1 match joué) :
196 cm : Ludovic Ajorque (SB29)
195 cm : Juma Bah (RCL)
195 cm : Etienne Youté (HAC)
195 cm : Emanuel Emegha (RCSA)
195 cm : Zinedine Ould Khaled (SCO)

Pas qu’un joueur de tête, mais quand même le meilleur…de la tête

« Détrompez-vous, c’est loin de n’être qu’un joueur de tête », confiait au Télégramme son ancien coach au RCA, Thierry Laurey. Il est vrai que l’activité d’un Ajorque - actuel 7e des buteurs - ne se réduit pas à camper devant et à tenter de profiter de ses qualités physiologiques. A l’image de ses modèles parmi les géants que sont Giroud, Hoarau et Ibrahimovic. 
 

« Il y a des matchs où ça m’arrive de jouer beaucoup de ballons de la tête, et forcément c’est un peu plus aléatoire, alors on va se dire que je sais faire que ça. Voilà, j’ai souffert de ça toute ma vie, et je souffrirai encore de ça toute ma carrière, je pense. »  Son coach à Clermont (2016-2018), Pascal Gastien, l’avait lui aussi remarqué : « On ne peut pas le réduire à un rôle de pivot car pour sa taille, il a des qualités techniques hors normes. Il est adroit, capable de participer au jeu. »

Cela n’empêche que ses qualités aériennes naturelles prennent le dessus.

Cette saison, Ludovic Ajorque est le seul joueur à avoir déjà dépassé les 100 duels aériens remportés en Ligue 1 McDonald’s (111). Il est aussi le seul à en avoir disputés plus de 200…Preuve que l’équipe d’Eric Roy – qui le voulait déjà lorsqu’il était à la direction sportive à Lens (en 2018) puis à Watford - tente d’en tirer profit au maximum. Comme elle savait déjà le faire par le passé avec Mounié (en 23/24, ce dernier a cumulé 138 duels gagnés sur les 236 livrés la saison passée. Soit le meilleur total). 
 

Des défenseurs plus grands ? Et alors… 

A 31 ans, personne ne découvre les atouts physiques de Ludovic Ajorque, dont le jeu de tête était loin d’être le point fort lors de ses jeunes années... Bien que prévenus, ses adversaires n’ont pu l’empêcher de franchir le cap des 100 duels aériens remportés pour la 5^e fois en carrière. A son époque strasbourgeoise, le Réunionnais avait souvent atteint la barre des 100 : 165 en 2020/21 (2^e top performance), 127 en 2021/22 (2^e top performance), 115 en 2019/20 (4^e top performance) et 105 en 2018/19 (13^e top performance). 

Pourtant, la concurrence fait désormais rage chez les grands gabarits. Cette saison, ils sont 56 joueurs à faire au moins 1,90m, dont rien de moins que 25 chez les seuls défenseurs. Soit les adversaires directs d’Ajorque. 

Classement des joueurs au nombre de duels aériens remportés cette saison :
1. Ludovic Ajorque (SB29), 11
2. Charlie Cresswell (TFC), 89
3. Benjamin André (LOSC), 85

A l’inverse, les centraux de Ligue 1 McDonald’s n’ont que rarement l’occasion de se frotter à un tel profil. Les attaquants culminant à près de 2m se font rares… Ce qu’évoquait dans Le Télégramme son ex-coach en Alsace, Thierry Laurey : « Ce n’est pas commun de défendre sur un attaquant comme ça ». Cette saison, l’élite ne voit guère qu’Emegha (RCSA, 1,95m) afficher autant de centimètres parmi les avant-centres. Une particularité dont le Réunionnais profite pour aider le SB29 à finir le mieux possible une saison historique.