Interview

Mathieu Gorgelin : « Je profite pleinement de mon nouveau statut »

Promu numéro 1 du Havre AC depuis la 18e journée, Mathieu Gorgelin se livre sur ce changement de statut et ne cache pas son plaisir de voir cette opportunité s’offrir à lui après plusieurs saisons comme doublure.
N. Maître
Publié le 27/02/2025 à 10:15
5 min de lecture
Mathieu Gorgelin est le gardien numéro 1 du Havre AC depuis un peu plus d'un mois.

À 34 ans, c'est la première fois de votre carrière que vous enchaînez six titularisations de suite en Ligue 1 McDonald’s...
(Il coupe) C’est vrai ! J’avais déjà joué cinq matchs d’affilée en Ligue 1 McDonald’s avec l’OL, mais répartis sur deux saisons. J’avais disputé les trois derniers matchs de la saison 2017/18, où on s’était qualifiés pour la Ligue des champions, face à Troyes, Strasbourg et Nice, puis les deux premiers de la suivante, contre Amiens et Reims.

Comment le vivez-vous ?
Avec beaucoup de plaisir, le plus de relâchement possible, mais aussi beaucoup d’ambition. C’est un beau défi d’aller chercher le maintien !

Avez-vous le sentiment d’avoir apporté un nouveau souffle à l’équipe ?
Je ne sais pas si c’est vraiment moi qui en suis à l’origine. On a recruté deux ou trois joueurs qui nous apportent beaucoup, notamment dans la maîtrise du ballon. Avant cela, la défaite à Marseille a été un vrai coup dur (5-1, 16e journée). J’ai l’impression que tout le monde a pris conscience de certaines choses à ce moment-là.

Mais vous apportez tout de même quelque chose de nouveau…
J’essaie de donner toute mon énergie à l’équipe. Même quand j’étais numéro 2, je le faisais déjà, mais maintenant, je peux le faire directement sur le terrain. J’ai gardé ma ligne de conduite, mais forcément, cela a apporté un petit changement. Mon objectif reste le même : faire mon travail et aider l’équipe du mieux possible.

C’est la première fois que vous passez de doublure à titulaire en cours de saison…
Exactement ! C’est une nouvelle expérience pour moi, et j’essaie de répondre aux attentes. Mais je reste la même personne. Je continue de travailler de la même manière avec Arthur (Desmas) et Nicolas (Douchez), car l’aspect humain est essentiel pour moi. Après, j’essaie de donner le maximum, pour moi comme pour l’équipe, car cette opportunité d’être titulaire ne s’était jamais présentée auparavant. J’en profite donc pleinement.

« Je n’avais pas en tête l’idée de renverser la hiérarchie »

Vous ne vous attendiez plus forcément à vivre cette situation à 34 ans ?
Oui et non ! On se prépare toujours, au cas où, mais bon… C’est vrai que je n’avais pas en tête l’idée de renverser la hiérarchie. Mon rôle était clair : être performant à l’entraînement et mettre le numéro 1 dans les meilleures conditions. Mais il faut toujours rester prêt, car quand on fait appel à toi, il faut être au rendez-vous.

Qu’est-ce que cette place de numéro 1 change dans vos semaines de travail ?
Absolument rien ! On travaille exactement de la même manière qu’avant. Seuls les échanges et les échauffements avec Arthur le jour du match ont changé, puisque nos rôles se sont inversés.

Vos entraînements ne sont pas plus axés sur la récupération ?
Pas du tout ! Je m’entraîne autant qu’avant. Ce sont les clubs qui jouent l’Europe qui adaptent les séances pour le gardien titulaire. Ici, ce n’est pas le cas. Quand Arthur était numéro 1, il faisait toutes les séances avec moi, et je fais de même aujourd’hui. On se fait tous les deux un peu bombarder à la fin des séances (sourire). C’est important de s’entraîner de la même manière.

Vous devez tout de même avoir plus d’échanges autour des matchs avec le coach ?
Pas forcément ! On travaille surtout avec Nico, qui nous fait ses retours après les matchs. Ensuite, sur la préparation tactique, c’est sûr que je reçois plus de consignes et que je suis plus impliqué. C’est-à-dire que lorsque le coach prépare son onze, j’intègre un peu plus les discussions, mais ça s’arrête là. Le contenu des séances, lui, ne change pas.

Avez-vous le sentiment d’avoir progressé lors de vos deux dernières saisons en tant que numéro 2 ?
Oui ! Même sans jouer, j’ai progressé. Certes, moins rapidement, mais j’ai travaillé certains aspects, observé énormément de matchs… J’ai aussi eu l’occasion de travailler avec plusieurs entraîneurs de gardiens au fil des années, et cela permet toujours d’évoluer, peu importe l’âge ou le statut de numéro 2.

« Arthur ? Je n’ai aucun doute sur son soutien »

Sur quels aspects en particulier ?
Un peu sur tout… Techniquement, physiquement. À chaque fois que tu découvres une nouvelle méthode de préparation physique, tu t’adaptes et tu évolues. Techniquement, chaque entraîneur de gardiens apporte ses propres corrections, qui te font progresser jusqu’à la fin de ta carrière.

Comment avez-vous été averti de votre passage en tant que numéro 1 ?
Nicolas Douchez me l’a annoncé lors d’un entretien individuel. Le coach ne m’en a pas directement parlé. Avec Nico, on a une relation très proche, donc ce genre de discussions passe toujours par lui.

Avez-vous échangé avec Arthur Desmas après cette évolution de la hiérarchie ?
Bien sûr ! Je suis allé le voir directement. On n’a pas eu une longue discussion, mais je tenais à lui en parler, car je ne voulais pas que cela change notre relation. On est deux pros, on a tissé de vrais liens en deux ans et demi, et le plus important, c’est de rester unis. On se battra ensemble jusqu’au bout pour sauver le club. Je n’ai aucun doute sur son soutien.

En dehors du football, vous avez découvert la pêche en mer après votre arrivée au Havre AC. Avez-vous réussi à vous perfectionner ?
Oui ! Même si je manque de temps pour y aller souvent, j’ai rencontré pas mal de passionnés au bord de l’eau qui m’ont donné des conseils. Comme dans le football, j’apprends un peu de tout le monde. J’ai étoffé mon bagage technique !

Avez-vous réussi à convertir certains de vos coéquipiers ?
Oui ! Oualid El Hajjam est venu avec moi, et je crois même qu’il a pris de l’avance sur moi. Il se débrouille vraiment bien ! J’ai aussi initié Aloïs Confais, qui est un très bon ami. Après, avec nos emplois du temps chargés, ce n’est pas toujours évident d’y aller tous ensemble.

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