Pressing et aspiration de l’adversaire : le Strasbourg de Rosenior décrypté

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Publié le 27/02/2025 à 11:13
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Liam Rosenior (RC Strasbourg Alsace).

Actuel 7e de Ligue 1 McDonald’s après un début de saison parfois compliqué, le RC Strasbourg Alsace séduit par sa jeunesse et par les principes tactiques mis en place par son entraîneur Liam Rosenior. Tour d’horizon avant le match à Auxerre, dimanche (17h15). 

Peu d’équipes de Ligue 1 McDonald’s affichent une identité de jeu aussi marquée que le Strasbourg de Liam Rosenior cette saison. Arrivé en quasi-inconnu en Alsace l’été dernier, le jeune entraîneur anglais a immédiatement installé un projet fait d’audace et de prise d’initiative. Avec comme mantra, l’idée d’empêcher l’adversaire de développer son propre jeu. Deuxième équipe à réaliser le plus de pressings dans le dernier tiers dans l’élite (126 par match en moyenne) derrière Lille (134), Strasbourg presse ses adversaires lors de 67% des ballons touchés par ces derniers, le plus haut pourcentage du genre dans l’élite. Pourtant, malgré cette agressivité sur le porteur de balle, le RCSA est avant-dernier de Ligue 1 McDonald’s en termes de duels disputés (91 par rencontre), seulement devant l’Olympique de Marseille (86). Paradoxal ? Pas tellement.

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Les zones de ballons touchés dans le jeu de Strasbourg, mettant en lumière l’importance de sa relance basse.

Liam Rosenior défend un football d’évitement, dans lequel l’objectif est avant tout de pousser collectivement l’équipe adverse à la faute, afin d’apporter le surnombre dans les espaces laissés libres dans son dos. Ce qui passe par le pressing, donc, mais aussi par la volonté de multiplier les échanges bas sur le terrain afin d’aspirer l’adversaire. 59% des passes strasbourgeoises se sont achevées dans son camp, dont 33% dans son propre tiers défensif, (très) nettement les plus hauts ratios dans l’élite cette saison. 7% de l’ensemble des passes alsaciennes ont d’ailleurs consisté à casser la ligne d’attaque adverse, là encore le pourcentage le plus élevé. Responsabilisé au maximum dans ces séquences de relance basse, Djordje Petrovic est le portier touchant le plus de ballons (56) et réalisant le plus de passes (47) par rencontre cette saison.

En avant toute

Une fois que le bloc adverse est attiré et la première ligne de pression brisée, le Racing ajoute du risque et de la vitesse dans son jeu pour profiter des espaces – il affiche d’ailleurs le 3e total de contre-attaques de l’élite cette saison (32). Logiquement, le pourcentage de passes réussies en prend alors un coup : 4e de Ligue 1 McDonald’s dans son propre camp (92%), Strasbourg n’est que 9e dans le domaine dans le camp adverse (75%). Mais cette volonté de faire mal le plus vite possible à la défense adverse paie. Avec 5 buts à la suite d’une attaque directe, le RCSA n’est devancé que par Lyon (6). De leur côté, Emanuel Emegha (8) et Dilane Bakwa (5) sont 2 des 3 joueurs ayant obtenu le plus de un-contre-un face au gardien adverse, aux côtés de Bradley Barcola (6).

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Les zones d’attaque de Strasbourg, qui trouve souvent l’espace sur les côtés, notamment grâce à des latéraux très haut sur le terrain.

Savoir garder le ballon dans certaines zones, piquer l’adversaire dans d’autres : un projet de jeu séduisant pour les observateurs, mais aussi pour les joueurs. Face aux efforts requis, Liam Rosenior peut ainsi compter sur l’énergie de ses troupes. A 21 ans et 280 jours, Strasbourg affiche cette saison le XI de départ le plus jeune de Ligue 1 McDonald’s en moyenne sur les 75 dernières années. Une fougue qui a les défauts de ses qualités – longtemps, ce Racing new-look a en effet semblé manquer de consistance dans la gestion de ses rencontres. Il a subi 53 tirs de plus qu’il n’en a tenté lorsqu’il menait au score cette saison (74 tentés, 127 subis), le plus large écart négatif du genre dans la division. Ses 17 points perdus après avoir mené représentent le 3e plus haut total derrière le FC Nantes (19) et l’AJ Auxerre (18).

Les bons réglages

Ces errements ne sont toutefois plus d’actualité. 14e de Ligue 1 McDonald’s au soir de la 14e journée, Strasbourg affiche le 2e bilan en termes de points depuis la 15e journée : 20, comme l’OGC Nice et seulement moins que le PSG (25). Le club alsacien n’a d’ailleurs perdu que 2 points après avoir mené au score sur la période (contre Marseille le 19 janvier), pour 6 victoires dans cette situation. La clé ? Sa nouvelle solidité défensive. Depuis cette même 15e journée, le Racing n’a encaissé que 5 buts pour 11,8 Expected Goals subis, cet écart de 6,8 xG étant le meilleur de l’élite sur la période. Il n’a également subi que 29 tirs cadrés depuis la mi-décembre, 2e plus faible total derrière Toulouse (27).

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Les tirs subis par Strasbourg depuis la 15e journée.

Contre l’AJ Auxerre ce week-end, le RCSA pourrait signer 4 clean sheets de rang en Ligue 1 McDonald’s pour la première fois depuis 2004, et surtout confirmer sa belle forme actuelle. Il faudra pour cela battre un adversaire difficile sur ses terres (l’AJA est 5e sur le classement à domicile cette saison), mais ce Strasbourg s’est donné le droit d’être ambitieux. Son premier pari est tenu – prôner un style offensif et doté de principes forts. Reste l’autre grand objectif affiché par les dirigeants : aller chercher l’Europe.