Vous êtes passé par le Barça durant votre formation d'entraîneur, comment appliquez-vous ces concepts à Toulouse ?
A Barcelone, on apprend à vivre le jeu à partir des espaces qu'on crée entre les adversaires. Le positionnement aide à offrir du temps et de l'espace à l'équipe. Et le travail d'entraîneur vise à offrir du temps et de l'espace aux joueurs pour qu'ils puissent exprimer leur talent. Si je limite mes joueurs, alors je ne suis pas un bon entraîneur.
Y a-t-il aussi une dimension psychologique dans cette vision du football issue du Barça ?
Il y a ce qu'évoquait récemment Mikel Arteta (entraîneur d'Arsenal, également passé par le Barça, NLDR) : la culture de l'exigence, qui est présente dès les catégories de jeunes à 7 ou 8 ans. L'exigence lors de chaque entraînement, sur chaque détail, chaque match finit par être ancrée en nous. Parfois, quand on parle de formation, on occulte l'aspect compétition. Mais je ne comprends pas, pourquoi faudrait-il les séparer ? Quand on est dans un club comme Barcelone ou Toulouse, on enseigne aux joueurs ce qu'ils vont vivre le lendemain. A Barcelone, on apprend beaucoup à aider les joueurs. Je disais aux jeunes qu'on les entraînait parce que si un jour, ils avaient une minute sur le terrain au Camp Nou, ils en auraient une, pas deux, et ils devaient être prêts. C'est de la pression, mais c'est la réalité.
Vous avez parlé de Mikel Arteta, ancien disciple de Pep Guardiola, vous vous inscrivez dans cette lignée d'entraîneurs ?
J'aime les entraîneurs audacieux, qui cherchent à faire de nouvelles choses. Pour moi, Guardiola est vraiment la référence. Aujourd'hui, on parle plus des rôles des joueurs que de leur poste, et ça vient de Guardiola. Il y a eu un changement dans le football ces 20 dernières années, en grande partie grâce à lui. J'aime aussi Arne Slot à Liverpool, pour sa façon de comprendre les espaces, son attrait pour le jeu, ou, pour sortir de ce style, Unai Emery, pour sa façon de transmettre, de convaincre. J'aime les entraîneurs qui sont dans la transmission.
Quel regard avez-vous sur Luis Enrique, lui aussi produit du Barça, dont vous affronterez le PSG samedi soir ?
Luis Enrique a des idées très claires de ce qu'il veut faire, mais il sait que ses joueurs finiront par y arriver, ils ont beaucoup de talent. Et il réussit vraiment maintenant, après un an et demi. Le football qu'il produit désormais plaît-il ? Oui. Peut-être que c'était moins séduisant l'année dernière, mais pour arriver à ce niveau, il faut un apprentissage. Et pendant qu'on apprend, ça ne peut pas être parfait. Parfois, on manque un peu de patience.
Comme Luis Enrique ou Guardiola, on vous voit très actif sur le bord du terrain, cela fait partie de ce style de management ?
Il faut d'abord connaître l'identité de chaque entraîneur. Si Diego Simeone est qui il est, c'est parce qu'il est énergique, comme l'est Guardiola, comme je peux l'être. Si Simeone essaye d'être Ancelotti, ça ne va pas marcher. J'entraîne comme je suis, à partir de là, notre travail en tant qu'entraîneur est que nos joueurs soient performants. Si, parce que je bouge beaucoup ou que je parle trop, le joueur devient nerveux, je dois être capable de lever le pied.
Diriez-vous que votre philosophie de jeu est applicable à n'importe quel effectif, y compris le vôtre à Toulouse ?
Bien sûr, je viens du Barça, d'un certain style de jeu, j'aime que nous jouions d'une certaine manière. Mais je crois qu'un entraîneur est bon quand il tire avantage de son équipe. Un entraîneur qui ne change jamais sa manière de penser et qui perd toujours, ça ne me plaît pas. Je suis un compétiteur, je veux gagner. Avec ma vision, mais ma vision est adaptable.