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Mercato : Ils ont tapé dans l’œil de leur futur club

Retrouvez les principaux joueurs qui, avant de s’engager en faveur d’un nouveau club, ont d’abord brillé face à lui.
Publié le 05/02/2025 à 08:22
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Florent Malouda avec Guingamp face à l'OL... son futur club !

Comme en 2000 avec l’arrivée du milieu Omar Belbey à la Paillade en provenance du Nîmes Olympique, club avec lequel il avait vécu quatre ans auparavant l’épopée des Crocos en Coupe de France avec une victoire sur le MHSC en demi-finales, le Montpellier HSC a de nouveau misé cet hiver sur un joueur qui a brillé à ses dépens.

Ainsi, Nicolas Pays (21 ans), milieu du Puy Foot, est passé de la National 2 à la Ligue 1 McDonald’s au cours du mercato, après avoir été sous les feux des projecteurs en Coupe de France… face aux Héraultais (4-0). 

Le club montpelliérain n’est pas le seul à faire de ses adversaires des cibles pour ses futurs mercatos.

L’été dernier, l’AS Monaco avait été totalement séduit par la vista de Lamine Camara. Alors au FC Metz, le milieu sénégalais s’était fendu du but de la saison passée lors du match à Louis-II avec un lob du milieu du terrain (58,37 m), soit la meilleure façon de se faire remarquer.

Les histoires de clubs qui ont subi le talent d’un joueur adverse avant de les recruter sont nombreuses.

Semak, la vérité d’un soir…

Au PSG, il n’y a pas que Neymar qui a fait des misères au club avant d’y signer. Outre le Brésilien – buteur à sept reprises avec le Barça en six confrontations face au club de la capitaine – un Russe s’était avant lui fait un nom lors d’une prestation contre les Parisiens.

Et certainement l’une des plus fameuses histoires. Celle de Sergueï Semak. Le Russe avait été le héros d’un succès européen du CSKA Moscou en signant un triplé au Parc des Princes en décembre 2004. Quelques mois plus tard, le PSG a tenté le coup en le recrutant. Finalement pas une grande réussite sur les terrains.

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Le PSG avait connu plus de succès au moment de recruter Guillaume Hoarau au HAC, mais qui s’était révélé au club parisien lors d’un match de Coupe de France avec Gueugnon dans le froid du Parc en janvier 2007, ou encore Christophe Jallet – un des leaders des Merlus lors des deux victoires de suite dans la capitale en passant à chaque fois trois buts aux Parisiens (2006 et 2007). 

Auparavant, le PSG avait plusieurs fois attiré des joueurs ayant l’habitude de lui poser des problèmes. Outre Patrice Loko, débarqué dans la capitale à peine le titre de champion obtenu avec Nantes en 1995 et après son but de légende à la Beaujoire face à Bernard Lama, le club parisien avait confié son poste de gardien à Christophe Revault en 1997. Celui-ci avait multiplié les exploits lors de ses différentes confrontations face au PSG, notamment lors de sa 1ère apparition en Ligue 1 McDonald’s un soir d’avril 1993 au Parc.

Bilan du mercato d'hiver 2024/25

Ils ont brillé face à l’OM avant de devenir Olympiens

L’OM s’est aussi laissé tenter de recruter certains de ses bourreaux. Quelques saisons après Robert Pires venu gagner à deux reprises au Vélodrome avec les Messins avant de devenir Marseillais, Franck Ribéry a tapé dans l’œil des supporters marseillais avant de signer en faveur de l’OM. Au cours d’un été 2004 de tous les exploits pour la pépite messine de Jean Fernandez, Ribéry est venu se jouer de l’OM (1-3) avec deux passes décisives, une semaine après avoir accroché l’OL (1-1). L’histoire veut que José Anigo ait promis de recruter le talent. Un an plus tard, alors qu’il semblait prendre la direction de la Principauté, Ribéry est devenu Olympien.

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Pourtant, c’est face au FC Nantes en Coupe de France que Franck Ribéry s’était d’abord illustré, avec Brest (National). Malgré une lourde défaite, le joueur montre qu’il a quelque chose de spécial et Robert Budzynski pense alors renouveler ce qu’il avait fait avec Eric Carrière en 1995. A savoir dénicher une pépite chez les amateurs. Ce sera finalement le FC Metz et Jean Fernandez qui signeront Franck Ribéry quelques mois plus tard.

Son successeur au club – Karim Ziani – avait certainement marqué des points dans l’esprit des dirigeants marseillais lors de la finale de Coupe de France 2007 remportée à leurs dépens par des Sochaliens conduits par le meneur algérien….

Dans un autre style mais avec la même issue, le « Divin Chauve » a, lui aussi, profité d’une confrontation face à l’OM pour attirer la lumière à lui. Car quatre mois après, Fabien Barthez est devenu le gardien du club champion de France. Après un match avec le Toulouse FC le 2 février 1992 (victoire de l'OM 0-2 au Stadium), le coach marseillais Raymond Goethals a contacté Bernard Tapie : « Il s'est passé un truc de dingue ! On a gagné, mais le goal en face, je n'en ai jamais vu un comme ça. Sans lui, on gagnait 8-0. » Il lui dit que c’est le 3e gardien du club et Tapie dit : « Ok, on l'engage ! ».

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Ensuite, plusieurs attaquants ont connu pareille situation. 

La venue de Sonny Anderson à l’OM en fin d’année 1993 a eu comme élément déclencheur une confrontation directe entre le joueur et le club. Le 14 juillet 1993, au Vélodrome, l’Olympique de Marseille accueille le Servette de Genève en amical. Et tout le stade assiste à la naissance d’une star, car le Brésilien met la défense olympienne dans sa poche et inscrit un but dans une victoire 3-2. Ensuite, Bernard Tapie obtient le prêt d’Anderson pour six mois. Le temps pour le Brésilien d’inscrire 16 buts en 20 matchs de championnat.

La saison 1998/99, marquée par le duel entre Bordeaux et l’OM pour le titre, a vu le Bordelais Kaba Diawara, alors 3e attaquant des Girondins, signer le match de sa saison dans le choc au sommet (2-2). Titulaire surprise, Diawara inscrit un doublé, « qui a changé mon parcours », a confié le Guinéen. « Cela a suscité l’intérêt de plusieurs clubs. C’est vraiment l’un des matchs qui a boosté ma carrière. » Si c’est à Arsenal qu’il est parti l’hiver suivant, c’est l’OM qui l’a fait revenir l’été d’après…

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Autre attaquant, Mamadou Niang avait lui pris le soin de dévoiler ses talents de finisseur lors des matchs l’OM, avant de devenir l’avant-centre du club phocéen. Le Sénégalais avait scoré deux fois lors de victoires de Strasbourg à la Meinau. La deuxième fois en fin de saison 2004/05 avait d’ailleurs plombé l’OM dans sa quête de podium. Troisième avant le match au RCSA, l'OM avait finalement terminé la saison à la 5e place. Marseille avait bien fait de ne pas se montrer rancunier : Mamadou Niang a ensuite fait le bonheur du club avec en point d’orgue le titre de 2010.

Également buteur de l’OM au début des années 2000, Ibrahima Bakayoko avait participé à écrire l’une des plus belles pages du club… sans y jouer. Un soir d’août 1998, l’Ivoirien a marqué deux fois en faveur du MHSC lors de la « remontada » marseillaise (de 0-4 à 5-4). Moins d’un an plus tard, c’est à Marseille que Bakayoko a posé ses valises.

Enfin, un dernier buteur a longtemps fait souffert l’OM avant d’en défendre les couleurs : APG. Avant de passer cinq saisons à Marseille, celui qui s’est toujours affiché en supporter phocéen a longtemps eu à cœur d’apparaître sous son meilleur jour face à cette formation. « J’ai toujours envie de tout casser (face à l’OM) », expliquait André-Pierre Gignac avant de s’offrir un doublé avec le Téfécé à l’Orange Vélodrome en 2009 et de faire souffrir Hilton. Jamais perdant face au club phocéen en Ligue 1 McDonald’s (7 matchs), Gignac avait déjà scoré dans l’antre de l’OM avec les Merlus trois ans auparavant. 

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L’OL : un modèle du genre dans les années 2000

L’Olympique Lyonnais est un club qui a beaucoup compté sur les meilleurs joueurs de Ligue 1 McDonald’s pour renforcer son équipe, notamment à l’époque de son hégémonie avec les 7 titres consécutifs. Parmi les exemples les plus parlants figurent les venues de Péguy Luydinula en 2001/02 après un triplé avec Strasbourg face aux Gones en 2000, de Michael Essien, buteur lors d’une victoire bastiaise quelques mois avant de préférer l’OL au PSG, et de Florent Malouda. 

Lors d’une dernière journée de la saison 2002/03, le gaucher avait signé à Gerland une grande prestation avec son compère de l’attaque de Guingamp, Didier Drogba. Florent Malouda avait signé un doublé dans une victoire nette de l’EAG (1-4). Une prestation qui avait permis au duo breton de récolter quelques applaudissements en terre lyonnaise. 

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Mais le club alors dirigé par le président Jean-Michel Aulas a aussi fait son marché du côté du LOSC, où à partir d’Eric Abidal, recruté à l’issue d’une saison où les Lillois ont terminé 2es derrière son OL (2004/05), le club rhodanien y a repéré de nombreuses futures recrues. Mathieu Bodmer, grand artisan des deux victoires lilloises contre les Lyonnais en 2005/06 (3-1 et 4-0), est passé d’un club à l’autre en 2007. En même temps que Kader Keita, et avant Jean II Makoun et Michel Bastos lors des deux saisons suivantes. Comme d’autres avant lui, le gaucher brésilien avait séduit l’OL en marquant lors de chacune des trois confrontations avec le LOSC lors de la saison 2008/09 pour une invincibilité nordiste (2 victoires et 1 nul).

Sous les projecteurs de l’Europe

Les découvertes sur la scène européenne ont également permis à des clubs de recruter des joueurs dont ils devaient ignorer l’existence avant de croiser leur route…

Comme en 1995/96 quand l’épopée du Sparta Prague en Coupe de l'UEFA, achevée en demi-finales face à Bordeaux, voit le RC Lens se faire sortir en 8es de finale par les Tchèques au bout de la prolongation pour six mois plus tard faire de Vladimir Smicer un Sang et Or. Radek Bejbl – autre membre du surprenant onze praguois - suivra quatre saisons plus tard.

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Les Verts s’étaient, eux, laissés séduire par le duo norvégien Saelnes-Soderlund. Lors du mercato d’hiver 2016, l’AS Saint-Étienne a fait venir dans le Forez le milieu et l’attaquant de Rosenborg, club qu’ont croisé les Stéphanois en Coupe d’Europe (2 nuls). Notamment buteur, Soderlund avait tapé dans l’œil de Christophe Galtier.

 


 

Pauleta, Enyeama, Raphinha, David…

Des clubs français ont par ailleurs observé des joueurs face à d’autres représentants du championnat de France sur la scène européenne. Ainsi à l’été 2000, les Girondins de Bordeaux avaient certainement en tête la double confrontation de Montpellier face à La Corogne en 1999/2000 et les buts à l’aller et au retour inscrits par Pedro Miguel Pauleta quand ils ont signé l’Aigle des Açores.

Idem, il n’avait pas échappé au LOSC que Vincent Enyeama était un gardien atypique et talentueux lorsque l’OL a croisé sa route en Ligue des Champions (2010/11), alors que le Nigérian était à l’Hapoël Tel-Aviv. Un an avant de devenir un Dogue, il avait même converti un pénalty face aux Lyonnais.

Plus récemment, même s’il s’était aussi fait un nom en devenant meilleur buteur en Belgique, Jonathan David avait obtenu une certaine renommée en France lorsqu’avec La Gantoise, il avait réussi un doublé contre Saint-Étienne en Ligue Europa, en 2019/20, soit la saison précédant son arrivée au LOSC. 

D’autres talents ont affronté des clubs français en Coupes d’Europe avant de porter les couleurs d’un autre par la suite. C’est le cas du Brésilien Raphinha. L’actuelle star du Barça avait d’abord croisé la route de l’OM en Ligue Europa (2017/18), avant de signer au Stade Rennais deux ans plus tard.

Toujours chez les Rennais. Peter Hansson avait affronté le RC Lens en Coupe UEFA (2006/07) avec le brassard d’Heerenveen, avant de rejoindre la Bretagne.

Idem avec des Suédois, ceux de Djurgardens. Andreas Isaksson et Kim Kallström avaient affronté Bordeaux en Coupe de l'UEFA (2002/03) avant de rejoindre le SRFC respectivement 1 an et demi et 2 ans après.