Tu es né à Martigues, tu as commencé à y jouer à l’âge de 6 ans, tu es en train d’y faire presque toute ta carrière professionnelle et Martigues est un club qui joue en rouge et jaune. Qu’est-ce que tu me réponds si je te dis que tu es le Francesco Totti de Martigues ?
(Rires). Ça fait plaisir ! Martigues, c’est ma ville, et le FC Martigues, c’est mon club ! C’est là où toute ma famille a joué : mon frère Badradine (ex-joueur de Sedan notamment), ma petite sœur Inès (aujourd’hui à la Lazio après avoir joué au Bayern et à Montpellier), moi… Sincèrement, entre Martigues et moi, c’est une grande histoire d’amour.
Qu’est-ce que ça fait de jouer pour le club de sa ville ?
C’est une fierté, surtout quand on a fait toutes les catégories d’âge et qu’on arrive à faire monter le club en Ligue 2 BKT. Pour Martigues, c’était déjà beau d’évoluer en National et, là, avoir réussi à faire monter le club en Ligue 2 BKT, pour la première fois depuis 22 ans, c’était quelque chose. C’était une immense fierté pour tous les Martégaux.
Tu sens que tu as changé de statut dans la ville ?
Clairement ! Avant, on me connaissait car j’étais un enfant de Martigues. Maintenant, on me connaît aussi pour les deux montées, en National et en Ligue 2 BKT. C’est un moment historique et ça a forcément fait changer les choses.
En plus de tout ça, tu es donc capitaine du club…
Ça fait trois saisons que je suis capitaine, depuis qu’on est montés en National en fait. C’est un plaisir énorme, une fierté pour tous mes proches… Et puis, ça veut dire que je représente la ville !
Comment les rôles sont-ils répartis avec Simon Falette, qui porte aussi le brassard cette saison ?
Je suis le capitaine donc, quand je joue, c’est moi qui ai le brassard. Il y a eu quelques petits problèmes avec ce qui était écrit sur Internet (rires) mais Simon est bien vice-capitaine. Il prend le brassard quand je suis blessé ou que je ne débute pas.
Peux-tu nous parler des valeurs et de l’identité du club, toi qui disputes ta 8e saison consécutive avec le FC Martigues ?
C’est un club familial, où tout le monde se connaît. Ces dernières saisons, l’effectif n’a pas beaucoup bougé, avec seulement quelques retouches chaque été, donc il y a des liens forts entre les joueurs. C’est sûrement grâce à ça qu’on a pu monter car on n’avait pas les meilleurs joueurs ni le plus gros budget mais on avait ce côté famille, uni, solidaire… En plus de ça, Martigues est une belle petite ville qui donne envie aux joueurs d’y rester.
Et y a-t-il une identité marquée au niveau du jeu ?
Ces dernières années, on jouait bien, avec une identité de jeu prononcée, une volonté de ressortir proprement de derrière, de jouer au ballon… Un peu à mon image, on avait beaucoup de petits gabarits dans l’équipe mais ce n’était pas un problème.
Qu’est-ce que ton rôle de capitaine implique en dehors des terrains ?
Je fais partie de ceux qui aident les nouveaux à s’intégrer le plus rapidement possible. Beaucoup de joueurs nous disent qu’ils n’ont jamais été aussi bien accueillis qu’ici, surtout que lorsqu’on arrive dans un nouveau club, ce n’est jamais facile. Il faut trouver où s’installer, faire en sorte que la famille et les enfants se sentent bien… Comme je suis de Martigues, je connais tout le monde ici donc dès que je le peux, j’aide les nouveaux dans leurs démarches, je les aide à trouver des appartements, des déménageurs…
Ah oui, à ce point-là…
Oui, parce que l’hôtel, c’est gentil quelques jours, mais ensuite, on veut s’installer. Grâce à mes contacts pour des appartements, j’ai pu aider deux joueurs l’été dernier par exemple. Je peux aussi mettre des coéquipiers en relation avec des gens qui louent des voitures, qui font des travaux… Je suis footballeur mais je suis martégal avant tout donc si je peux aider les nouveaux à se sentir bien dans la ville et donc à être performant sur le terrain, je n’hésite pas.
Tu fais également le guide touristique ?
Un peu ! Comme les nouveaux arrivent principalement pendant l’été, c’est une période où il y a plein de trucs sympas à faire, des coins à découvrir… Je partage les bonnes adresses, les meilleurs restaurants, où sortir avec sa femme et ses enfants, les meilleures plages… La meilleure selon moi ?Ça dépend ! Si on est célibataire et qu’on veut faire le « kéké », c’est à la Couronne que ça se passe mais sinon, c’est plutôt vers Carry et ses environs, où il y a de jolies criques !
Tu as évolué dans trois divisions différentes et obtenu deux montées avec l’équipe première du FC Martigues. Quel est ton meilleur souvenir ?
Le dernier match de la saison dernière, celui de la montée en Ligue 2 BKT, contre Nîmes (1-0). Ce sont les plus belles émotions de ma carrière. Déjà, j’ai pu voir le Stade Francis-Turcan plein, ce qui n’était pas arrivé depuis longtemps, peut-être sur un match de Coupe de France contre le PSG ou un match comme ça. Voir tous ces sourires dans les tribunes, toutes ces larmes, c’était incroyable.
Comment les locaux ont-ils vécu ce moment ?
Certains supporters avaient vécu les grandes années du club (trois saisons dans l’élite entre 1993 et 1996). Mais le club était beaucoup plus structuré à l’époque. Et il y avait de beaux noms dans l’équipe, notamment Ali Benarbia, donc les supporters étaient davantage préparés à voir leur club au plus haut niveau. Là, c’était complètement différent puisqu’il y a quatre ans seulement, on jouait le maintien en N2. Pouvoir monter en Ligue 2 BKT avait un côté inattendu qui a amené une certaine magie. Personne n’y croyait. Et le scénario était beau, avec du suspense jusqu’à la dernière minute.
Est-ce que ça t’est déjà arrivé de décliner des propositions de clubs meilleurs que Martigues ?
Oui, quand j’étais en N2, des clubs de N1 m’ont contacté. J’ai pesé le pour et le contre et, avec le cadre de vie que j’ai ici, ma famille autour, il fallait vraiment qu’on me propose bien mieux que Martigues pour que je sois tenté. Sincèrement, je suis bien à Martigues, je connais tout le monde, ce qui a fait pencher la balance.
Ça veut dire que tu es quelqu’un qui redoute de sortir de sa zone de confort ?
Peut-être… On ne va pas se le cacher. Ici, je suis à la maison, j’ai mes petites habitudes. Je suis très famille et vivre à côté de chez mes parents, de mes frères et sœurs, ça joue beaucoup. Si je partais, est-ce que je serais aussi heureux ? Je ne sais pas. En tout cas, je n’ai jamais voulu prendre ce risque jusqu’à maintenant et ça m’a plutôt réussi !
Entre tes jeunes années au FC Martigues et ton retour au club en 2017, tu as fait quelques saisons à Istres et au Pontet et lorsque tu es revenu à la maison, tu avais pour président un certain Baptiste Giabiconi…
J’étais content parce que j’étais de retour à Martigues mais c’est vrai que c’était un peu folklorique. Il y avait beaucoup de m’as-tu vu, de promesses… Après, il n’était pas méchant mais il y avait beaucoup de marketing, de communication, des petits spectacles au moment de l’entrée sur le terrain… On faisait des photos, on mettait des costumes… D’ailleurs, il avait carrément fait venir un tailleur pour qu’on ait des costumes sur mesure. Et on avait un joli car, aux couleurs du club. C’était le plus joli de N2, ça, c’est sûr !
(Crédit photo : FC Martigues)