Interview

Axel Drouhin : « Je m’étais fixé une deadline pour réussir dans le foot »

Passé de la N3 à un statut de titulaire en Ligue 2 BKT en seulement six mois, Axel Drouhin n’a pas traîné pour s’imposer au FC Annecy. Entretien avec le défenseur de 24 ans sur cette ascension express.
Arnaud Di Stasio
Publié le 19/12/2024 à 11:31
6 min de lecture
Axel Drouhin a rejoint le FC Annecy l'été dernier.

Début décembre 2023, tu évoluais encore en N3. Si on t’avait dit à l’époque que tu serais titulaire en Ligue 2 BKT un an plus tard, est-ce que tu y aurais cru ?
Même si c’était clairement un objectif pour moi, ce n’était peut-être pas moi qui y croyais le plus. Mais beaucoup de gens autour de moi, que ce soit dans mon entourage ou que ce soit des directeurs sportifs, me disaient que j’avais le niveau pour jouer à ce niveau-là et que si je bossais bien, je pourrais y être vite. J’avais envie de leur donner raison, ça m’a poussé à travailler encore plus. Mais avant même de revenir au Dijon FCO, quand j’étais à l’ASPTT Dijon ou à Gueugnon, j’ai toujours cru en moi.

Quand on a 23 ans et qu’on n’a jamais joué plus haut qu’en N3, on ne se dit pas qu’il faut faire une croix sur le rêve d’une carrière professionnelle ?
Pour être honnête, je m’étais fixé une deadline. Je m’étais donné jusqu’à 24 ans pour réussir avant de devoir basculer sur autre chose, en dehors du foot. Mais quelques semaines avant de fêter mes 24 ans, j’ai eu la chance de signer mon premier contrat pro à Dijon !

« Je voulais prouver à l’entraîneur d’en face que j’avais ma place dans son équipe »

Avec Dijon, l’histoire n’a pas été linéaire…
J’ai fait ma préformation au DFCO mais j’ai dû quitter le club au moment de passer en U17. Le DFCO avait deux équipes dans la catégorie d’âge mais ils en ont supprimé une, pour ne garder que les U17 nationaux. L’effectif a donc été réduit de moitié et, moi, on m’a gentiment poussé vers l’ASPTT Dijon, un club partenaire du DFCO. Là-bas, j’ai eu l’occasion de jouer contre des équipes de gros calibre avec les U17 puis les U19 nationaux.

Tu étais dans quel état d’esprit à l’époque ?
Je n’étais pas vraiment dans l’optique de faire carrière. À vrai dire, je ne pensais qu’à être le meilleur sur le terrain. À chaque fois que je débutais un match, je voulais me mesurer aux autres et prouver à l’entraîneur d’en face que j’avais ma place dans son équipe, même si j’étais dans un club amateur et qu’on jouait contre des centres de formation. On jouait contre l’OL de Caqueret, Geubbels et Bahlouli, contre le Saint-Étienne de Saliba et Fofana… Je ne dis pas que j’étais meilleur qu’eux hein (rires) mais c’était intéressant de se confronter à eux.

Et il y en a qui ressortait vraiment du lot ?
Willem Geubbels ! Déjà, il était plus grand que nous donc il prenait tout de la tête. Et puis, on s’était pris un petit score à Lyon. C’était toujours dur d’aller jouer chez eux !

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« Même si j’ai eu une ascension rapide, il ne faut pas s’enflammer »

Pour revenir à cette saison et au FC Annecy, où tu as signé l’été dernier, qu’est-ce qui est le plus difficile quand on passe du N3 à la Ligue 2 BKT en l’espace de six mois ?
Le côté mental parce que le corps se fait au changement, il s’adapte petit à petit. Il a aussi fallu s’adapter à un système de jeu, aux attentes d’un coach qui ne sont pas les mêmes qu’en N3… Mais c’est donc mentalement qu’il a fallu s’adapter essentiellement. Même si j’ai eu une ascension assez rapide, il faut savoir temporiser, ne pas s’enflammer, ne pas se croire arrivé. La plus grosse différence, c’est la concentration parce qu’en Ligue 2, tout va plus vite et chaque erreur se paie beaucoup plus cher. C’est là que la marche était la plus haute.

Et comment as-tu fait pour te mettre au niveau ?
J’ai fait très attention aux principes énoncés par le coach et aux conseils donnés par les coéquipiers. Il y a des repères sur lesquels se fixer en plein match et qui permettent de savoir si on est sur la bonne voie. Je parle du placement, de l’attitude à adopter selon le score, la minute de jeu… Si on vient de prendre un but ou si on a subi des actions un peu chaudes, on va prendre moins de risques. Il ne faut pas que le match s’emballe contre nous. C’est la gestion des temps forts et des temps faibles en somme. Il faut aussi faire attention aux distances de marquage, à être proches les uns des autres pour défendre ensemble, pour rattraper les erreurs des coéquipiers plus facilement…

Tu t’attendais à ce que ton adaptation soit aussi rapide ?
Je ne pensais pas que le coach envisagerait de me faire autant jouer tout de suite mais je me suis préparé comme si ça allait être le cas. Dès la préparation, j’ai beaucoup joué donc je n’ai pas été surpris de jouer quand le championnat a commencé.

« van Dijk voulait montrer à Mbappé qu’il était là »

Sur quoi dois-tu encore progresser pour devenir le défenseur de Ligue 2 que tu aimerais être ?
Sur beaucoup de choses ! Je dois progresser dans un peu tout ce que j’ai cité auparavant. Ce sont des choses dont j’ai conscience mais avoir la lucidité en match de tout appliquer, c’est encore autre chose. Il faut que je réussisse à maîtriser en Ligue 2, me sentir plus à l’aise dans tout, avoir une certaine fluidité, que toutes ces petites choses deviennent des réflexes sans même avoir à y penser. Ensuite, pour aller plus haut, il faut un niveau technique et physique encore supérieur mais il faut suivre la même ligne de conduite.

Est-ce que tu as des modèles au poste ?
Toutes les têtes d’affiches qui sont dans l’agressivité, comme van Dijk. Il y a peu, je l’ai encore vu aller tamponner Mbappé. Ce n’était pas nécessaire mais il voulait lui montrer qu’il était là. Et puis, dans l’aura, il dégage un truc… J’aimais aussi beaucoup Sergio Ramos quand il était au Real. Je regardais également Upamecano à une époque. Quand je regarde un match, je fais attention à ce que font les défenseurs.

« Les lendemains de match, je suis vraiment liquidé »

Est-ce qu’il y a des choses que tu te permettais en N3 que tu ne peux plus faire en Ligue 2 ?
Pas exactement. Disons qu’il y avait des choses que je faisais ponctuellement que je fais désormais plus régulièrement, dans l’hygiène de vie notamment. Je fais plus attention à l’alimentation et à la récupération. Au FC Annecy, j’ai facilement accès à la cryothérapie par exemple alors qu’avant, la récupération, ça se résumait au repos. De toute façon, l’intensité des matchs de Ligue 2 fait que je suis beaucoup plus fatigué qu’avant les lendemains de match. Je suis vraiment liquidé. Et sur l’alimentation, je m’autorisais plus d’écarts alors que maintenant, c’est vraiment une fois de temps en temps. Comme je suis jeune, je ne sens pas vraiment de différence physiquement mais je prends soin de moi car ça va payer sur le long terme.

Pour finir, quel attaquant t’a le plus impressionné cette saison ?
Alexandre Mendy à Caen (1-1, fin août). Il était entré en cours de match et ça avait installé un nouveau style de jeu, avec Caen qui envoyait tout sur lui. Défensivement, on devait être alertes. Il revenait de blessure mais on a senti qu’il avait de grosses qualités !