Pathé Mboup : « Alexandre Lacazette me donnait tout le temps des conseils »

Interview
N. Maître
Publié le 11/12/2024 à 15:06
7 min de lecture
Pathé Mboup compte 3 buts et 2 passes décisives en 14 matchs en Ligue 2 BKT.

Recruté par le Pau FC cet été, Pathé Mboup monte en puissance ces dernières semaines. De sa formation à l’AS Dakar Sacré-Cœur à son passage à l’Olympique Lyonnais, le jeune sénégalais retrace son début de parcours. Entretien avec un Lionceau qui a les crocs.

Tu as été élu pépite du mois de novembre par les fans. Comment juges-tu tes premiers mois en Ligue 2 BKT ?
Mon début de saison a été un peu difficile car c’est la première fois que je jouais en Ligue 2 BKT. J’ai dû m’adapter au championnat. Mais j’ai réussi à prendre confiance au fur et à mesure des derniers matchs. Aujourd’hui, je me sens de mieux en mieux, et ça se voit sur le terrain !

Quel a été le déclic ?
Les joueurs et le coach m’ont beaucoup aidé pour que je m’intègre et que je me sente de mieux en mieux sur le terrain. Ça m’a fait du bien de sentir leur soutien et de voir qu’ils croient en moi. Les anciens du vestiaire m’ont donné beaucoup de conseils sur le championnat. C’est génial d’être aussi bien entouré quand tu arrives dans un club. 

Qu’est-ce qui t’a motivé à rejoindre le Pau FC lors du mercato estival ?
Je voulais découvrir la Ligue 2. C’est un championnat que je suivais, un très bon championnat pour les jeunes joueurs. C’est aussi un championnat médiatisé. Si tu arrives à t’exprimer et à montrer tes qualités, tu peux avoir de belles opportunités par la suite.

Comment as-tu débuté le football ?
Il y avait une école de foot dans mon quartier au Sénégal. J’ai commencé là-bas très jeune, puis j’ai fait des tests à l’AS Dakar Sacré-Cœur vers 9-10 ans. J’ai été pris et j’ai fait toute ma formation, des petites catégories à l’équipe première.

« J’ai dû rentrer au Sénégal après seulement quelques mois »


Comment s’est déroulée ton enfance au Sénégal ?
Elle s’est très bien passée, j’étais logé au centre toute l’année. Je ne rentrais que les week-ends chez mes parents. Le centre n’était qu’à une heure de chez moi donc c’était pratique.

Quel était ton quotidien au sein de l’AS Dakar Sacré-Cœur ?
On s’entraînait deux fois par jour. On avait souvent un entraînement en groupe le matin puis un entraînement individuel l’après-midi, on avait aussi les cours en parallèle. Les journées étaient bien remplies.

Pour ta première expérience en Europe, tu signes au Standard de Liège en janvier 2022. Comment atterris-tu en Belgique ?
Quand j’étais à l’académie, mon objectif était de rejoindre un club en Europe. J’avais participé à des tournois avec l’AS Dakar Sacré-Cœur et le Standard de Liège m’avait repéré. Il m’avait proposé un contrat professionnel et j’avais signé chez eux. Mais j’ai eu des problèmes de papiers et j’ai dû rentrer au Sénégal après seulement quelques mois.

Tu n'étais pas trop déçu de devoir tout recommencer ?
Non ! Dans ma tête, je me disais que j’allais avoir une nouvelle opportunité de jouer en Europe. Je suis retourné à l’AS Dakar Sacré-Cœur pendant deux mois, puis le président m’a proposé d’aller faire des tests à l’OL, qui est le club partenaire. Ils ont été concluants et j’ai intégré l’équipe réserve du club.

Quels souvenirs gardes-tu de ton passage à l’OL ?
Ma saison avec l’équipe réserve m’a beaucoup aidé. Elle m’a permis de découvrir le football français. J’ai commencé à jouer sur la phase retour et j’ai mis huit buts en National 2 sous les ordres de Gueïda Fofana. J’ai appris beaucoup de choses aussi bien sur le plan tactique que technique et également en dehors du football. J’ai découvert une nouvelle culture. Je ne suis pas rentré de la saison au Sénégal.

C’était une première pour toi !
Oui mais je n’ai pas ressenti de mal-être. Je n’ai pas eu de problème d’adaptation. Comme j’avais passé de nombreuses années à l’académie, j’avais l’habitude de ne pas être chez moi. J’étais préparé à partir un jour et à être éloigné de ma famille. Les joueurs étaient aussi très accueillants avec moi. J’étais proche de Sekou Lega et Mohamed El Arouche. Au début, je vivais au centre d’entraînement, puis après quelques mois, j’ai pris un appartement avec un ami.

« Alexandre Lacazette me disait que certaines courses étaient inutiles »


Quel joueur t’a le plus marqué lors de ton passage à l’OL ?
Alexandre Lacazette ! J’ai fait une partie de la préparation avec l’équipe première sous les ordres de Laurent Blanc et c’était un plaisir pour moi de pouvoir m’entraîner et jouer avec un aussi grand attaquant. Il était impressionnant dans le dernier geste. Il me donnait tout le temps des conseils. Il me parlait sur le terrain et je regardais souvent ce qu’il faisait. Il y avait aussi Corentin Tolisso. Ce sont les deux joueurs qui me donnaient le plus de conseils.

Quels étaient les conseils d’Alexandre Lacazette ?
Quand je suis arrivé, j’aimais bien courir un peu partout et il me disait que certaines courses étaient inutiles. Il me disait que je devais plutôt faire telle course ou tel mouvement pour avoir des meilleurs déplacements, ne pas trop m’éparpiller sur le terrain et rester lucide dans le dernier geste. Ce sont des choses que je garde en tête.

Tu retournes ensuite en Belgique et signes au RWD Molenbeek (autre club de la galaxie John Textor). Qu’est-ce que t’a appris cette expérience ?
Au début c’était bien, l’équipe gagnait les matchs, puis ça s’est compliqué. À la fin du championnat, on perdait tous nos matchs et on est descendus… D’un point de vue personnel, j’ai pris beaucoup d’expérience là-bas. Les nombreux changements d’entraîneurs et la fin de saison difficile m’ont marqué. J’ai découvert ce qu’est une saison galère et je pense que ça me servira pour la suite. 

Tu ne regrettes donc pas cette expérience ?
Avant de partir en Belgique, je voulais rester en France. J’en avais parlé avec mon agent mais je n’ai pas eu trop le choix. Comme j’étais sous contrat avec l’OL, j’ai un peu été poussé à partir en Belgique, puis je me suis dit que c’était une bonne opportunité et je suis parti là-bas. Je ne regrette pas, j’ai pris de l’expérience sur le terrain. Cela m’a aussi permis de découvrir un autre championnat. C’était beaucoup moins tactique qu’en France, j’avais beaucoup plus d’espace, mais il y avait beaucoup de duels.

« J’aime beaucoup Nicolas Jackson »


Pour revenir au Pau FC, on voit Khalid Boutaïb venir te féliciter après chacun de tes buts. Avez-vous noué une relation particulière ?
C’est mon gars ! On se parle toute la journée. Il me donne beaucoup de conseils et m’aide beaucoup depuis mon arrivée. Il me reprend souvent à l’entraînement. Quand je fais certains gestes, il me dit : « Ça, c’est bien ! Ça, ce n’est pas bien ! ». Il fait tout pour que je progresse et que je marque le plus de buts. Il est aussi présent pour moi en dehors des terrains quand j’ai besoin de quelque chose.

Comment es-tu en sur et dehors des terrains ?
Je suis quelqu’un de calme dans la vie et sur le terrain. Mes coéquipiers aiment bien me chambrer. Khalid (Boutaïb), Bobiche (Antonin Bobichon) et Jean (Ruiz) sont tout le temps en train de dire que je les fatigue (rires).

Comment vois-tu la suite de ta carrière ?
Je vais continuer à travailler pour espérer aller plus haut. Mon objectif est de réaliser la plus belle saison possible et de me faire remarquer.

Est-ce qu’il y a un joueur dont tu veux suivre les traces ?
J’aime beaucoup Nicolas Jackson. Je joue au même poste que lui et il m’inspire beaucoup. Il y a aussi Sadio Mané qui est un exemple. Je n’ai pas encore eu la chance de les croiser mais ce sont des joueurs qui m’inspirent.

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