Tu as été élu pépite du mois d'octobre par les fans de Ligue 2 BKT. Comment juges-tu tes performances ?
J’ai réussi à inscrire mes deux premiers buts en professionnel au cours de cette période. J’en suis fier ! Après, le début de saison a été compliqué en raison des résultats de l’équipe, mais j’essaie de progresser au quotidien. Je pense que mes performances sont de plus en plus intéressantes.
Tu as réussi à revenir dans le onze après un passage sur le banc !
Oui, j’ai démarré les quatre premiers matchs, puis il y a eu une petite rotation (de la 5e à la 8e journée) avant que je ne retrouve ma place de titulaire depuis un peu plus d’un mois. J’en suis très heureux et je fais tout pour rendre au coach la confiance qu’il m’accorde.
Il s’agit de ta deuxième véritable saison en Ligue 2 BKT. Comment analyses-tu ta progression ?
Je pense avoir progressé dans quasiment tous les domaines ! Ça fait trois ans que j’ai intégré le groupe et le fait de côtoyer de bons joueurs à l’entraînement m’apporte beaucoup. A force de m’entraîner avec eux, je progresse forcément, et j’ai encore une belle marge de progression.
As-tu des exemples de points où tu as progressé ?
J’ai progressé dans le cadrage du porteur de balle et dans la récupération. Je joue également davantage vers l’avant. Je me projette plus avec la balle et j’adresse plus de passes qui cassent les lignes.
« J’attendais mon premier but avec impatience »
On a récemment découvert tes qualités de buteur !
On peut dire ça ! (rires) J’avais déjà ces qualités mais elles étaient méconnues pour le public. J’étais habitué à marquer de temps en temps en jeunes et ça faisait un moment que j’attendais mon premier but en professionnel… Je l’attendais même avec impatience ! J’ai enfin débloqué mon compteur et on a pu me découvrir dans ce domaine.
Tu as célébré ton premier but en glissant sur les genoux. Ça faisait longtemps que tu travaillais cette célébration ?
Elle était dans un coin de ma tête ! (rires) J’avais appelé Abdoulaye Niakaté avant le match et je lui avais dit : « Si je marque, je mets la cagoule et je glisse sur les genoux. » J’essaie d’avoir une célébration différente en tête avant chaque match.
Qu’est-ce que tu aimerais encore améliorer ?
Je dois encore travailler mon pied gauche, mon positionnement pour avoir un temps d’avance sur mes adversaires, mes orientations du jeu ou encore ma gestion des temps forts et faibles. C’est-à-dire savoir quand je dois jouer en deux touches ou quand je dois jouer vers l’arrière pour temporiser ou relancer un circuit de passes.
Peux-tu nous retracer ton parcours, à commencer par tes débuts ?
J’ai commencé à jouer très tôt à La Haye-Pesnel, un club à un kilomètre de là où j’habitais. Je jouais aussi souvent avec mon père et mon frère. Ensuite, à l’âge de 8 ans, j’ai rejoint l’US Avranches à partir des U9 jusqu’en U13. En parallèle, j’étais en sport-étude, au collège Pierre-Aguiton à Brécey.
« Il doit me rester quelques médailles d'athlé au fond d’une armoire »
Le foot n’était pas le seul sport que tu pratiquais !
C’est vrai ! Je faisais aussi de l’athlétisme. J’ai combiné les deux sports jusqu’à mes 11 ans. A ce moment-là, j’ai dû faire un choix, car ce n’était plus possible notamment physiquement, et ma passion pour le foot a pris le dessus. C’est le sport dont je rêvais depuis tout petit, donc c’était logique de faire ce choix. J’aimais bien gagner en athlé mais moins qu’au foot (sourire).
Tu avais de bons résultats en athlétisme ?
Oui, j’étais passionné par le foot mais j’étais performant en athlé. Je faisais les cross régionaux, les championnats de France UNSS… Et il m’arrivait de gagner. J'avais un bon petit niveau. Il doit me rester quelques médailles au fond d’une armoire (sourire).
Tu penses que tu aurais pu faire faire quelque chose ?
Je ne sais pas car j’étais encore très jeune…
Est-ce que ces années d’athlétisme te servent encore aujourd’hui ?
Je pense car je suis un joueur avec un bon volume de jeu. Je suis quelqu’un qui court beaucoup et je pense que c’est dû à mon passé. A l’athlé, je devais beaucoup courir (sourire) !
« La Coupe Gambardella ? un tournant pour beaucoup de jeunes du centre »
Pour revenir à ton parcours, comment as-tu intégré le centre de formation du SM Caen ?
Il y avait souvent des recruteurs de plusieurs clubs qui venaient voir les matchs de l’US Avranches et j’ai tapé dans l’œil de celui du SM Caen. Le club m’a invité à faire un tournoi à Vannes. Il s’est très bien passé et j’ai rejoint le centre de formation l’année suivante.
Tu jouais déjà milieu de terrain ?
Au tout début, comme beaucoup d’enfants, j’ai commencé en tant qu’attaquant. J’ai ensuite reculé au poste de milieu offensif, c’est à ce poste que le club m’a repéré. Une fois à Caen, j’ai continué à jouer dans ce secteur, que ce soit en 8, en 10 ou en 6. J’ai testé un peu tous les postes de l’entrejeu.
Tu n’as ensuite plus quitté le SM Caen !
J’ai fait tout mon parcours au centre jusqu’à atteindre l’équipe première. En U19, j’ai notamment participé à l’épopée jusqu’en finale de Coupe Gambardella (défaite aux t.a.b. face à l'OL en 2022). Ce qui a été un tournant pour beaucoup de jeunes du centre puisqu’à la suite de ce beau parcours, on a été une belle brochette de 2004 à signer un contrat professionnel. Ça fait maintenant trois ans que je suis dans le groupe pro.
Ton éclosion au sein de l’équipe première coïncide avec l’arrivée de Nicolas Seube sur le banc. Quelle importance a-t-il dans ton début de carrière ?
C’est presque le coach que j’ai eu lors de toute ma formation. J’ai eu coach Ballon (Matthieu Ballon) et Nicolas Seube à partir des U17. Il me connaît comme s’il m’avait fait (sourire). Donc, quand il a pris la tête de l’équipe pro, j’ai eu la chance qu’il me fasse jouer. Comme je l’ai dit plus tôt, je fais tout au quotidien pour lui rendre la confiance qu’il m’accorde.
« J’ai tout à apprendre de Yann M'vila »
Vous avez donc une relation particulière ?
Je ne dirais pas qu’on a une relation particulière. Je pense que je suis tout simplement l’un des joueurs du groupe qu’il a le plus eu sous ses ordres. C’est sûr que de ce point de vue, c’est particulier d’avoir un joueur lors de pratiquement toute sa formation et de le retrouver avec l’équipe première.
Quelles sont ses consignes à ton égard ?
Il me demande de rester simple dans mon jeu, d’être bon à la récupération et de me projeter vers l’avant dès que je suis seul.
Le SM Caen peut compter sur un joueur avec une riche expérience en la personne de Yann M’Vila. Qu’est-ce qu’il t’apprend ?
Quand tu joues avec un joueur de cette classe-là, tu apprends au quotidien. Il m’aide dans mes axes d’amélioration. Par ses placements ou sa lecture du jeu, tu vois que c’est un joueur qui a joué au haut niveau. Ce qui est bien, c’est qu’il est à l’écoute et qu’il donne des conseils. On sent qu’il a envie de nous faire progresser. J’ai tout à apprendre de lui.
Tu es très proche de Brahim Traoré depuis tes années au centre de formation. Comment s’est nouée votre amitié ?
On est arrivés en même temps au centre de formation, on était les deux premiers de la génération 2004. On a chacun fait notre parcours avant de se retrouver en professionnel. On a un lien particulier, c’est un frère pour moi. Quand je joue avec lui, ce n’est que du bonheur, j’ai l’impression de profiter avec un ami. Quand je le vois en difficulté, j’ai envie de le sauver.
« Mes idoles ont toujours été Paul Pogba et N’Golo Kanté »
Vous vous aidez mutuellement dans votre progression ?
Oui, on est là l’un pour l’autre. Quand l’un connaît une période un peu plus difficile, l’autre va lui faire des petits sourires à l’entraînement et on va se mettre à rigoler. On sait se changer les idées si ça ne va pas. C’est toujours bien d’avoir une personne sur laquelle on peut s’appuyer.
Pour que les gens en découvrent un peu plus sur toi. Comment es-tu en dehors des terrains ?
Je suis quelqu’un de tranquille, j’ai toujours le sourire, j’aime beaucoup rigoler. J’aime faire des blagues et taquiner mais je sais qu’il y a un temps pour tout. J’aime aussi travailler, et il faut travailler pour se donner les moyens de réussir.
Qui sont tes modèles ?
Mes idoles ont toujours été Paul Pogba et N’Golo Kanté. Quand je vois le nombre de récupérations que N’Golo est capable de faire sur un match, je suis admiratif. C’est le profil dont j’ai le plus envie de me rapprocher. La nouvelle génération, avec Eduardo Camavinga et Aurélien Tchouaméni, m’impressionne aussi. J’essaie de prendre un peu de tous ces joueurs pour m’améliorer.
Comment vois-tu la suite de ta carrière ?
Je suis quelqu’un qui se projette plus à moyen terme. Je suis très bien au Stade Malherbe, j’ai envie d’être performant et que le club performe. J’ai l’ambition de devenir un titulaire à part entière. Il y a de la concurrence mais je me bats à chaque séance pour jouer le week-end. On a des rêves et il faut travailler pour les atteindre !