Tu restes sur trois buts et une passe décisive lors de tes quatre derniers matchs avec le Toulouse FC. Ça ressemble à une adaptation réussie…
Quand tu arrives dans un nouveau club, surtout en fin de mercato, tu as besoin d’un peu de temps pour te sentir en forme. C’est normal et c’est ce que j’avais dit quelques jours avant de marquer. Je me sens de mieux en mieux physiquement et dans mon jeu. Je comprends de mieux en mieux comment mes coéquipiers aiment jouer et eux aussi me comprennent davantage. Tout se passe très bien pour le moment mais il ne faut pas s’arrêter là bien sûr, il faut que l’on continue à travailler pour créer ces automatismes.
Et qu’en est-il de ton adaptation dans la ville de Toulouse ?
Tout est très facile ici. C’est probablement la ville dans laquelle j’ai eu le plus de facilité à m’adapter depuis le début de ma carrière. J’avais parlé avec Moussa Sissoko (son coéquipier à Watford en 2021/2022, 220 matchs professionnels avec le Téfécé) avant de signer ici et il m’avait fortement conseillé de venir. Il m’avait dit que la ville était super, que l’ambiance était détendue et que ma famille s’y plairait. Il ne m’a pas menti !
Quels défis as-tu eu à relever depuis ton arrivée ?
Pour être honnête, il n’y a aucune difficulté particulière ici, notamment parce que tout le monde parle anglais. Le seul challenge qui existe, c’est de faire en sorte d’être au top physiquement le plus vite possible. Depuis quelques semaines, j’arrive enfin à jouer des matchs en entier alors que ça ne m’était plus arrivé depuis… Je ne me rappelle même plus quand. Ça devait remonter à un an ou un an et demi… C’est vraiment la seule chose qui m’importe : retrouver mon meilleur niveau physique.
Toi qui as effectué l’essentiel de ta carrière en Angleterre, qu’est-ce qui t’a le plus surpris en Ligue 1 McDonald’s ?
Je n’ai pas du tout été surpris. Je connaissais la Ligue 1 et je savais que c’était un championnat physique, avec beaucoup de vitesse dans le jeu. C’est un style différent de ce que j’ai connu en Turquie et en Premier League bien sûr mais ce n’est pas pour rien qu’il s’agit d’un des cinq grands championnats européens. C’est un championnat difficile mais, encore une fois, je n’ai pas été surpris.
Dans l’effectif du Téfécé, il y a beaucoup de nationalités différentes et beaucoup de jeunes joueurs. Durant ta carrière, est-ce que tu as déjà joué le rôle de grand frère ?
Un peu en équipe de Norvège car beaucoup de joueurs étaient très jeunes. Mais même si j’ai 32 ans, dans ma tête, c’est comme si j’avais 27 ou 28 ans. J’essaie d’aider les jeunes au maximum mais je ne veux pas non plus aller vers les joueurs qui n’ont pas besoin d’aide. Si un joueur de l’équipe ou quelqu’un du club vient vers moi pour un conseil, je suis heureux d’aider. C’est vrai que je suis le plus expérimenté du groupe avec Djibril Sidibé mais je n’ai jamais beaucoup parlé dans le vestiaire. Ce n’est pas dans ma personnalité. Je préfère parler sur le terrain, notamment pour déclencher le pressing et aider l’équipe à défendre, car ce sont nous, les attaquants, qui sommes les premiers défenseurs. C’est à nous de donner le ton pour le reste de l’équipe.
Quels jeunes joueurs viennent vers toi ?
Ça dépend… Je parle avec Warren Kamanzi, Yann Gboho, Aron Dønnum… Après, j’échange avec tout le monde, que ce soit avec Vincent Sierro, qui a beaucoup d’expérience, ou avec Ümit Akdag, même s’il est défenseur et que je suis attaquant. Mais je ne me balade pas au milieu des gars en me comportant comme si j’étais coach. Si tu viens me demander des conseils, très bien, mais si tu n’en as pas besoin, pas de problème !
Au début de ta carrière, à Hull City, lors de la saison 2011/2012, tu as joué avec un certain Liam Rosenior…
C’est le même Liam Rosenior ?! Je ne m’en étais même pas aperçu ! Ça va être marrant de le retrouver. C’est un bon gars. Et pour vous dire, il était très cool avec moi à l’époque. Il faisait partie des anciens à Hull et il était très gentil. Il était de ceux qui aidaient les nouveaux à s’intégrer. Je savais qu’il était devenu coach mais je ne savais pas qu’il entraînait en France.
C’est la première fois que tu vas te retrouver face à un ancien coéquipier devenu entraîneur ?
Oui, mais ça m’était déjà arrivé de jouer contre un coach qui m’avait entraîné. J’avais eu Ole Gunnar Solskjær comme entraîneur en réserve à Manchester United avant de jouer contre lui, lorsqu’il était revenu coacher l’équipe première du club et que j’étais à Bournemouth et Everton.
Tu as évolué sous les ordres d’entraîneurs comme Carlo Ancelotti, Claudio Ranieri, Jorge Jesus ou encore Sir Alex Ferguson. Avec qui as-tu le plus progressé ?
Avec Eddie Howe, de loin ! Je suis arrivé à Bournemouth à un moment où je devais progresser dans certains domaines et il m’a aidé à le faire. Quand j’ai signé là-bas, je savais jouer avant-centre ou ailier et lui voulait que je sois capable d’évoluer en soutien de l’attaquant. Grâce à lui, j’ai progressé au niveau de mes appels, du pressing, du repli… Eddie Howe a su tirer le maximum d’un groupe où il n’y avait pas de star. C’est un coach très méticuleux, qui sait parfaitement organiser une semaine d’entraînement en vue du match qui arrive… L’attention qu’il porte à chaque détail est folle et ce qu’il réussit à faire à Newcastle en dit long sur sa valeur.
Et les autres ?
Jorge Jesus est incroyable tactiquement. C’est un vrai challenge de travailler avec lui car il demande beaucoup à ses joueurs. Alex Ferguson ? C’est une légende du foot bien sûr mais je mentirais si je disais que c’était incroyable d’être sous ses ordres car je n’ai dû m’entraîner qu’une dizaine de fois avec l’équipe première. J’étais en réserve lors de ses dernières années à Manchester United. Quant à Carlo Ancelotti, c’est l’un des meilleurs managers du monde. Malheureusement, ce n’était pas une bonne période pour moi lorsque nous avons été ensemble à Everton car je ne jouais pas beaucoup, tout simplement. Je suis arrivé là-bas en milieu de saison, ce qui n’est jamais facile… Ça n’empêche pas qu’Ancelotti est une légende, lui aussi. C’est bien connu qu’il est très apprécié des joueurs pour sa gestion humaine.
Pendant ta carrière, tu as eu pour coéquipiers des joueurs comme Erling Haaland, Martin Ødegaard, Arda Güler, James Rodríguez, Marco Reus, Paul Pogba… Qui était le plus impressionnant ?
C’est une bonne question… Probablement Paul Pogba. Quel talent ! Je suis peut-être biaisé car c’est mon ami. Je suis d’ailleurs très heureux qu’il puisse rejouer à partir du mois de mars. Mais j’ai aussi envie de citer Martin Ødegaard. Je le respecte énormément car il est arrivé au Real à 16 ans seulement, ce qui est tout sauf facile, il a été prêté plusieurs fois, et aujourd’hui, c’est un des meilleurs milieux du monde et le capitaine d’Arsenal. Ce n’est vraiment pas facile, quand il y autant d’attente autour de toi, de galérer puis de réussir à revenir au top.
Tu es bien placé pour comprendre ce qu’a vécu Martin Ødegaard, toi qui es arrivé à Manchester United à 16 ans également…
C’est dur à comparer car, quand j’ai signé à Manchester, c’était pour rejoindre le centre de formation. Lui est arrivé au Real Madrid, le plus grand club du monde, dans le cadre d’un transfert très médiatisé. Tout le monde parlait de lui à l’époque. Et réussir à atteindre les sommets après plusieurs saisons compliquées, quand il y a autant de pression autour de toi, ça demande une force mentale énorme. C’est un joueur incroyable mais c’est une personne encore plus incroyable.
Pour maintenant parler de l’équipe de Norvège, avec qui tu comptes plus de 60 sélections, tu étais aux premières loges pour les grands débuts d’Erling Haaland en équipe nationale puisque, pour sa première cape, en 2019, tu étais titulaire en attaque avec lui. Ça fait quoi d’assister à l’explosion d’un tel phénomène ?
C’est super marrant de voir un gars qui vient de Bryne, au milieu de nulle part en Norvège, réussir à faire ce qu’il fait. Erling est resté le même gamin qu’il était quand je l’ai rencontré, il est juste un peu plus riche maintenant (rires). C’est vraiment génial qu’il ait réussi à garder les pieds sur terre même s’il marque trois buts à chaque match. Chapeau, vraiment. Je pense qu’il va continuer à battre tous les records et, pour moi, c’est le meilleur numéro 9 du monde en ce moment.
Tu as marqué 20 buts en 62 matchs avec la Norvège très exactement mais tu n’as plus été appelé depuis juin 2022. Qu’est-ce qui te manque pour revenir en équipe nationale ?
Rien, je n’ai besoin de rien. Je suis uniquement concentré sur Toulouse pour le moment. Et si je suis convoqué en équipe nationale, super, ce sera toujours un grand plaisir de représenter la Norvège, ce que j’ai fait pendant 10 ans. Mais, sincèrement, je n’y pense absolument pas, je suis focus à 100% sur Toulouse. Le sélectionneur fait ses choix mais ce n’est pas quelque chose qui m’empêche de dormir, je suis très heureux actuellement et j’aime beaucoup jouer ici.
Comme d’autres joueurs, tu as beaucoup de tatouages, notamment de Nelson Mandela, Bob Marley, Mohamed Ali… C’est quoi le prochain ?
(Rires). Je ne sais pas ! J’ai désormais 32 ans et mon dernier tatouage doit bien remonter à 4-5 ans. Je suis devenu trop vieux pour supporter cette douleur !
Tu as longtemps joué avec le gardien polonais Artur Boruc, qui est connu pour avoir un tatouage très particulier…
Oui, le fameux singe (rires), mais vous allez être déçu, je ne l’ai jamais vu car il l’avait déjà fait recouvrir quand on a joué ensemble (il s’agissait d’un singe penché en avant, le nombril du joueur représentant l’anus de l’animal).